Critique : Même les assassins tremblent

Nicolas Thys | 24 août 2008
Nicolas Thys | 24 août 2008

Même les assassins tremblent est le film qui permis à Dick Powell, plus connu pour ses performances d'acteur dans de nombreuses comédies musicales des années 1930 et pour sa reconversion dans le film noir la décennie suivante, - il fût, rappelons-le, le premier à incarner le détective Philip Marlowe sur grand écran - de passer l'autre côté de la caméra en 1953.

Sans réaliser une prestation remarquable, Powell étonne surtout par le sujet choisi et son traitement dans un Hollywood sur le point de changer. Alors que les Etats-Unis sont en pleine guerre froide, Même les assassins... traite de la menace nucléaire latente et se fait critique envers cette nouvelle énergie destructrice à travers le prisme d'un film noir qui n'en est déjà plus vraiment un, comme si le genre mutait, raillait ses codes et devenait autre chose à mesure que la peur se faisait de plus en plus présente.

Chaque non-dit, chaque allusion, chaque trait caractéristique du genre se voit caricaturé à l'extrême. Tout semble amplifié sous la menace d'une apocalypse imminente et prend des proportions exagérées alors que le film s'enferme dans le huis clos d'une voiture ou d'une maison abandonnée perdue au milieu d'un espace désertique, un no man's land où tout espoir est vain. La tension est palpable à chaque instant. Crimes, bagarres, trahisons, amours et infidélités ; tout se joue vite par peur d'une mort proche, trop vite, ce qui mène à une implosion du groupe et c'est alors que chacun se révèle dans son individualité.

La femme fatale perd son sang froid, remplacée dans son rôle par une danseuse de cabaret, le sexe est partout même allusivement, le protagoniste se prend une raclée et le criminel court à sa perte à cause de sentiments amicaux trop prononcés. Les rôles de chacun sont entachés, inversés. Le film lui-même semble devenir fou et, finalement, ce qui reste de fatalité est subordonné à une probable explosion nucléaire, à la fin totale d'un monde dont il ne restera que de la poussière, comme si la réalité historique menaçait les récits et les codes cinématographiques.

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