Cannes 2010 en direct

Vincent Julé | 22 mai 2010
Vincent Julé | 22 mai 2010

Mercredi 12 mai

À chaque festival, c'est la même routine (rengaine) : prendre le train (un peu trop matinal pour Sandy qui manque de le louper) puis, sur place, choper les clés de l'appart, y déposer tout notre barnum avant d'aller récupérer le précieux sésame : l'accréditation. Le festival de Cannes ne débutant officiellement que demain mercredi, l'événement phare de ce mardi 11 mai 2010 à 20h30 n'est nullement cinématographique mais footballistique (pas pour Stf qui préfère profiter de la Croisette et de son calme relatif avant la "deuxième" tempête) avec la divulgation par Sieur Raymond Domenech de la liste non pas des 23 mais des 30 joueurs pré-sélectionnés pour la coupe du monde. Franchement cet homme devrait faire du cinéma !

Un petit diner et une bonne nuit de sommeil plus tard (8 heures, un luxe incroyable qui ne se reproduira plus au cours de la quinzaine), le film d'ouverture nous attend : la version revue et corrigée par Ridley Scott du mythe Robin des bois. Sandy accroche pour la rigueur historique du récit tandis que Stf s'y perd un peu. Et pendant ce temps, Laurent qui n'a toujours pas posé les pieds sur la Croisette se débat avec sa clé 3G depuis Nice... D'ici à la fin du Festival il nous promet d'être des notres.

Après un rapide détour pour aller prêter main forte à des confrères (Excessif pour ne pas les nommer) en panne de WiFi, direction le plaisir coupable du jour : Suck. Et nos trois beatniks d'EcranLarge (Sandy et Stf rejoins par Lolo et ses envies de meurtre à l'encontre de son ordi portable) de s'éclater comme des p'tits fous devant cette série B canadienne présentée au marché du film. Dommage que la qualité d'encodage du DVD projeté ne soit pas du même tonneau. Un point qui ne décourage nullement notre Lolo qui décide d'enchaîner avec un autre film du marché, Dylan's wake, pour un résultat nettement moins convaincant (il a quitté la projo au bout d'une heure) que le précédent long-métrage d'Omar Naim, The Final cut.

19h. Les choses sérieuses commencent avec le premier film en compet, français de surcroit. Point de cocorico à l'horizon pour Stf qui s'ennuie rapidement devant ce premier long-métrage réalisé par Mathieu Amalric, Tournée, tandis que Lolo et Sandy apprécient plutôt la chose (pas étonnant à entendre les éclats de rire de ce dernier au fil de la projo). Avant de rentrer écrire les derniers papiers du jour, direction le Caffé Roma pour y bouffer trop peu pour trop cher. Une adresse à ne surtout pas retenir pour la suite du festival...

 
 

 
 
 
 

 

Jeudi 13 mai

Cannes, deuxième jour. On entre désormais dans le vif du sujet et le rythme de croisière du festival : levé à 7h du mat pour assister à la traditionnelle projo de presse matinale de 8h30 avant d'enchaîner ensuite toute la journée. Une journée placée sous le signe de l'Asie pour Sandy et Stf du côté de la compet avec le drame chinois Chongqing Blues qui ne laisse pas insensible. Plus tard dans l'après-midi, c'est au tour du pays du matin calme d'être à l'honneur avec le tout aussi réussi The Housemaid.

Et Lolo dans tout ça me direz-vous ? Et bien les grands effluves chinois et autres soubrettes coréennes n'étant pas forcément sa tasse de thé, le monsieur s'est terré toute la journée au marché du film pour aller se mater du Van Damme, du Michael Biehn et autres films cool (ou pas). Pour les détails, direction ce dossier. Entre les deux films de la compet, Stf a lui aussi fait un petit détour par le marché avec Legacy, long-métrage remettant en question tout un pan de l'Amérique militaire, le tout porté à bout de bras par Idris Elba, bien connu des sériephiles pour son rôle de Stringer dans The Wire. Dans le même temps Sandy se penche avec grand intérêt sur le cas Draquila, long-métrage sur l'après tremblement de terre meurtrier de la ville d'Aquila au printemps 2009 dont la présence sur la Croisette a conduit le gouvernement italien à boycotter cette 63ème édition du festival (lire notre dossier).

Après tant d'émotions, le Sandy décide d'aller décompresser à la soirée Paris Première qui a lieu à Juan-les-Pins. Autant dire que votre humble serviteur ici présent a plutôt intérêt à assurer une bonne nuit de sommeil pour le grand événement de demain : Wall Street 2. Car après sa nuit de débauche, pas sûr qu'on retrouve le Sandy dans un état de grande fraicheur à 8h du mat...

 

Vendredi 14 mai

7h30 : la queue pour aller assister à LA projo de presse du jour commence lentement mais sûrement à se former aux pieds des marches du Palais. Sandy, finalement assez raisonnable à sa soirée de la veille (5 cocktails et retour à l'appart à 2h du mat) débarque quelques minutes avant le coup d'envoi à 8h30. Deux heures et quart plus tard, la sanction tombe : Wall Street 2 est inférieur au n°1. Qui l'eut cru ? Certains de nos confrères vont même jusqu'à parler de ratage tandis que le Hollywood Reporter évoque « l'une des meilleures suites depuis bien longtemps ». Une fois n'est pas coutume, le public sera seul juge lors de la sortie dans les salles en septembre prochain. Le n°2 surpassera-t-il les 1,1 millions d'entrées engrangées par le n°1 en 1988 ?

Une chronique dudit film et un sandwich rapidement ingurgité plus tard, c'est l'heure d'enchaîner. Et tandis que Sandy opte pour un déjeuner en charmante compagnie, Stf se démerde tout seul comme un grand avec le nouvel Hideo Nakata, Ch@troom pour un résultat mi-figue mi-raisin sur l'univers des réseaux sociaux virtuels. Et le Lolo dans tout ça ? Devinez un peu... Bingo ! Le Marché du film, bien sûr ! Après s'être fait refouler de The Experiment, remake US de Das Experiment, pour cause de presse interdite, notre bon Lolo s'est rabattu sur un long-métrage au titre pour le moins accrocheur, LSD, avant de s'apercevoir qu'il s'agissait en réalité d'un film Bollywood et de quitter la salle en moins de quatre minutes chrono montre en main. De l'Inde à la Thaïlande, il n'y a qu'un pas, direction donc la séance de Ong Bak 3 pour un résultat guère plus convaincant que le n°2. Par chance, la journée sur le marché fut sauver in extremis par Samuel L. Jackson dans Unthinkable et le bon petit film d'horreur made in France Djinns.

 

 

Samedi 15 mai

Ou la journée marathon de Stf qui a excellemment bien commencé dès la désormais traditionnelle projo de presse matinale, avec le Mike Leigh, Another year, première vraie petite perle de la compet qui enthousiasme la salle toute entière. Le festival est certes loin d'être terminé mais ce serait bien le diable si ce film ne raflait pas un prix, ne serait-ce que celui d'interprétation pour Lesley Manville. À peine le temps de souffler qu'il faut déjà retourner faire la queue pour You will meet a tall dark stranger, le Woody Allen annuel en mode « pépère et sans véritable éclat ». Même si de nombreux éclats, de rires cette fois, seront de mise dans l'assistance au cours de la projo.

Le reste de la journée sera celle d'un seul homme : Stf qui enchainera pas moins de trois films dans l'après-midi (ingurgitant une fois encore un sandwich à l'arrache entre deux séances). Tout d'abord deux longs-métrages dans la section Un Certain Regard. Le premier, Les Amours imaginaires, est un gigantesque vidéoclip pseudo-sentimental dont l'intérêt s'avère très vite limitée. La salle applaudit à tout rompre, sans doute aveuglée par la poudre aux yeux que l'homme orchestre Xavier Doland (scénariste / réalisateur / interprète / décorateur / costumier) leur aura jeté à la figure durant 100 minutes. Merci en tous les cas aux sous-titres anglais sans quoi votre humble serviteur n'aurait pas pipé la moitié du jargon en québécois s'il vous plaît. Le second, Unter dir die Stadt (The City below en anglais), long-métrage allemand (pour ceux qui ne l'aurait pas deviné au titre), est encore plus vain que son prédécesseur de l'après-midi tant le résultat, neurasthénique au possible, aura même droit à quelques sifflets à l'issue de la projo. Question annexe de la part du rédacteur : si quelqu'un dans la salle a capté quelques choses à la séquence finale, merci de venir éclairer ma lanterne... On termine un peu mieux avec le deuxième film en compétition de la journée, Un homme qui crie, long-métrage sur le conflit tchadien qui aborde son sujet avec une certaine justesse mais ressemble davantage à un doigt accusateur tendu en direction du spectateur passif qu'à une véritable fiction.

Et les deux autres comparses dans tout ça ? Et bien ils seront parvenus à découvrir une Meute dont tout le barnum autour de son interdiction de projection sur la plage de la Croisette ne se justifiait pas vraiment au regard du résultat final plutôt pauvre en hémoglobine et autres scènes chocs. Fidèle à son petit marché quotidien, Lolo se sera fait jeter de Nude nuns with big guns (littéralement « Les nonnes à poil avec de gros flingues », tout un programme !) avant de se rabattre sur Happythankyoumoreplease, le premier long-métrage réalisé par Josh Radnor (le Tedd de How I met your mother).

Quant à Sandy. Et bien après La Meute, c'était soirée farniente en bonnes compagnies autour de la meilleure pizza de la ville pour ensuite se jeter à corps perdues dans la soirée WildBunch. Y'a pas à dire, le Festival de Cannes, c'est vraiment pas une sinécure...

 

Dimanche 16 mai

La cinquième journée cannoise avait selon les goûts des uns et des autres plus ou moins bien commencé à la découverte de La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier, deuxième long-métrage français de la compétition. Bien pour Sandy et Stf, moins bien pour Lolo qui ne voit là qu'un luxueux téléfilm. Globalement satisfaits, les deux premiers nommés décidaient alors de poursuivre leur exploration du cinéma hexagonale avec L'Autre monde, surtout pour « voir Louise Bourgoin à poil » dixit Sandy. À l'arrivée, le mâle en rut n'en aura pas eu pour son argent, qualifiant le résultat final de ridicule.

Allait s'ensuivre une longue après-midi de léthargie : quatre heures avant de pondre quelques malheureuses lignes sur le Tavernier pour Sandy et comatage canapé pour Stf. Au cinquième jour du festival, la fatigue se fait déjà sentir alors que le plus dur reste à venir. Ça promet ! À 18h30 (soit une heure avant la projo) notre joyeuse troupe se dirige vers la file d'attente naissante pour aller découvrir Outrage. Sandy se contentant d'arriver quelques minutes avant le début comme à son habitude (aahhh le privilège du badge rose !). La salle comble se videra ensuite progressivement au fil des surenchères graphiques du nouveau Kitano, une collègue germanique outrée le qualifiant même au passage de « shitty movie » tandis que la fine fleur d'Ecran Large trouve le film hautement jouissif.

Les aventures de Lolo au marché de Cannes

Après s'être déjà fait blackboulé à Berlin, Lolo tente à nouveau sa chance pour aller découvrir And soon the darkness falls. En vain ! Ce n'est pas encore cette fois que le malheureux pourra découvrir Amber Heard dans ce remake du film éponyme de 1970. Aura-t-il plus de chance lors d'un prochain festival ? Sait-on jamais. Une belle en chassant une autre, Lolo se rabat sur Welcome to the Rileys avec Kristen Stewart, long-métrage réalisé par le fils de Ridley Scott avant de parvenir enfin à rentrer à la projo de The Reef (où il s'était fait dégager la veille). Comme quoi, il faut toujours persévérer, surtout quand le résultat final vaut le détour. En revanche, il ne servira à rien de harceler l'attaché de presse de Jean-Luc Godard pour obtenir une interview : son idole (avec Chuck Norris) ne viendra pas à Cannes.

 

 

Lundi 17 mai

Ou la journée calvaire de Stf (et Lolo) qui s'annonçait pourtant sous les meilleurs auspices avec Biutiful, le nouveau long-métrage de Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes, 21 grammes, Babel) présenté en compétition officielle. Hélas, une projo beaucoup trop matinale (8h30) et seulement 4 heures de sommeil la nuit passée, ça n'aide pas vraiment. Résultat, Stf tombe bien vite dans les bras de Morphée et voit environ 15 minutes de métrage sur les 2h18 que dure le film. Quant à Sandy qui refuse toujours de communiquer le nom de son fournisseur en produits dopants, il découvre l'intégralité de la bête sans jamais piquer du nez et annonce un « film passionnant à décrypter au sein de la filmo d'Iñárritu ».

Après ces deux heures de sommeil supplémentaires, Stf est d'attaque pour le Stephen Frears, Tamara Drewe, et en ressort (sans avoir pioncé une seule seconde cette fois) très enthousiaste tandis que Sandy trouve ce marivaudage grivois un poil longuet. Un petit paquet de chips rapidement ingurgité et notre Stf retourne à nouveau faire la queue pour tenter de découvrir les deux heures manquées de Biutiful à la séance de l'après-midi. Peine perdue ! La projo en question n'est plus prioritaire pour les journalistes qui, pour la plupart, se font blackbouler. Pas grave, on n'attendra la sortie en salles prévue pour le 25 août (de toute façon, vu le peu d'enthousiasme de plusieurs confrères journaleux, si ce film remporte la Palme d'Or, je me coupe une C******, NDR). Nullement dépité, notre Stf se dirige alors vers un film du marché intitulé Mad Cow dont la tagline (Boy. Meat. Girl.) attire visiblement beaucoup trop de monde pour une salle aussi petite (40 places). Blackboulage numéro 2. Une petite glace, quelques papiers à rédiger et direction le deuxième film en compétition de la journée, Copie conforme, d'Abbas Kiarostami pour un résultat mi-chiant mi-réussi pour Stf mais qui réjouit Lolo.
 
Pendant ce temps-là, Sandy se rend à une présentation de quelques futures sorties Europa Corp et prend un verre sur la plage Orange en compagnie de l'équipe du film Les Petits mouchoirs : Guillaume Canet, Marion Cotillard, Benoît Magimel, Jean Dujardin et François Cluzet. Y'a pas à dire, Cannes c'est vraiment pas une sinécure pour tout le monde (bis repetita). Le Mister Cocktail d'EcranLarge se dirige ensuite sans grande conviction car avec très peu de certitude de pouvoir rentrer dans la salle vers un autre film du marché entouré d'un énorme buzz, A serbian film, dont vous pouvez découvrir la bande-annonce à cette adresse. Avec son immense bagou légendaire, le bonhomme parviendra à pénétrer dans une  salle de 40 places composée uniquement de buyers. Pour connaître ses réactions à l'issue de la projo c'est ici que cela se passe.

Les aventures de Lolo au marché de Cannes

Au petit jeu du « qui se fera le plus blackboulé », c'est notre Lolo qui remporte l'étape du jour d'une courte tête devant Stf (3-2). Le sieur Pécha se sera en effet cassé les dents sur Mother's day, le nouveau long-métrage de Darren Lynn Bousman (Saw II, III et IV), L'Italien du tandem Kad & Olivier et The Bang bang club avec Ryan Phillippe et Malin Åkerman. Pauvre Lolo, à croire que tous les films avec de belles créatures lui sont interdits (peut-être pour ménager sa libido). Il aura toutefois pu se consoler en allant voir Hybrid d'Éric Valette (Une affaire d'État) et Copacabana de Marc Fitoussi (La Vie d'artiste).

 

 

 

Mardi 18 mai

La journée débutait aux anges (c'est le cas de le dire) pour Sandy qui, au sortir Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois présenté en compétition officielle, annonce un film épique et lumineux. En l'absence de long-métrage aussi « bandant » que le Serbian film de la veille, il fallait patienter ensuite jusqu'à 14h pour découvrir dans la section « Quinzaine des réalisateurs » une œuvre à fleur de peau, coproduction entre la France, la Belgique et le Luxembourg sur le thème de la déportation des sans-papiers : Illégal (sortie prévue dans nos salles le 6 octobre 2010). Arrivait ensuite l'OFNI de la compet, Mon bonheur, premier long-métrage de Sergei Loznitsa, coproduction entre l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Ukraine. Réaction de Sandy à la sortie : incompréhensible. Et pour finir la journée en beauté, quoi de mieux qu'un petit bijou de comédie romantique (dixit Stf) présenté au dernier festival de Sundance et projeté à Cannes dans la section « Un certain regard » : Blue Valentine.

Les aventures de Lolo au marché de Cannes

Tout comme Sandy, notre Lolo allait lui aussi passer une journée cannoise au Septième Ciel (ou presque), mais pas pour les mêmes raisons. Et pour cause, celui-ci allait avoir l'occasion de s'entretenir durant pas moins de 40 minutes avec l'un de ses réalisateurs fétiches : Renny Harlin, venu sur la croisette pour dévoilé un montage inachevé (scènes manquantes et effets spéciaux non définitifs) de Georgia, long-métrage sur la guerre entre la Géorgie et la Russie où l'on découvre un Renny Harlin « avec des morceaux de cœur dedans ». Et comme si tant de bonheur ne suffisait pas, notre Lolo allait également avoir la chance d'assister à une petite séance de 5 minutes d'un programme Marc Dorcel en 3D, le tout dans des conditions optimales de projection, à savoir au côté d'une charmante femme qui lui demanda s'il pouvait se serrer contre lui pour être au centre de l'écran ("avec plaisir" aurait dit l'animal). Après tant d'émotions au cours de la même journée, notre Lolo n'avait plus qu'à rentrer prendre une bonne douche (froide) et faire de beaux rêves (de Renny et des Dorcel's girls).

 Photos jour 7 : Juliette Binoche, Sabrina Ouazani...

 

Photos jour 7 suite : Tarra White !!

 

Mercredi 19 mai

Ou la journée où tout part en couilles ! Les nuits ne rallongeant pas vraiment (4 heures de sommeil en moyenne) et la durée des films en compet ne diminuant guère, il devient de plus en plus difficile de faire front au 8ème jour du festival de Cannes. Résultat : face au 2h20 du drame coréen Poésie présenté à 8h30 du matin, Laurent lutte vaillamment et trouve le film sobre et émouvant, Stf abdique (environ 15 minutes de film vus, le reste dans les bras de Morphée) tandis que Sandy décide de botter en touche (refrain bien connu de l'année dernière) et préfère aller prendre un bon petit dej (à nouveau en charmantes compagnies).

La projo à peine terminée à 10h50, Stf et Lolo se rue vers la salle du Ken Loach rajouté à la dernière minute à la compétition officielle. Peine perdue, la séance de 11h est déjà complète ! Rendez-vous est donc pris demain à 16h30 pour la présentation officielle de ce Route irish. Nos deux compères décident alors de se rabattre sur le marché du film pour y découvrir Mad Cow, un horror spoof catégorie triple Z. Lolo tient 5 minutes avant de se barrer de la salle, Stf lui emboitera le pas 10 minutes plus tard. Verdict : nullissime !

De son côté, bien repu après son copieux petit dej, Sandy est fin prêt pour affronter les 5h30 du Carlos d'Olivier Assayas et en ressort avec un sentiment globalement positif en dépit de quelques réserves. Pendant ce temps-là, Stf comate à l'appart, tentant vaille que vaille de récupérer pour les trois derniers jours du festival. Lolo fait de même de son côté avant que toute la fine équipe ne se retrouve pour le dernier film de la journée, présentée en compet officielle, La Nostra vita, drame italien appréciable à défaut d'être inoubliable sur le thème « L'argent ne fait pas le bonheur ».

Photos jour 8 : MIck Jagger, Julia Saner, Kelly Brook...

 

Jeudi 20 mai

Ou la journée pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur : la projo de 8h30 du matin en compétition officielle. Bien que toujours aussi fracassés en raison de nuits de sommeil toujours aussi courtes, les trois mousquetaires d'EcranLarge gardent les yeux rivés sur l'écran devant le prodigieux thriller politique Fair game. Qui l'eut cru de la part de Doug Liman après les (semi) ratages Mr. & Mrs. Smith et Jumper ? L'enthousiasme de la dream team sera toutefois très vite refroidit par les réactions de leurs confrères qui considèrent le film, au mieux comme correct, au pire comme une grosse merde.

Lolo poursuivra sur la lancée avec le très réussi Simon Werner a disparu dans la section « Un certain regard », qualifié par l'intéressé de Twin Peaks rencontre Elephant. Toute la fine équipe se retrouve ensuite pour découvrir le compétiteur de dernière minute, Route irish, pour un résultat cette fois unanimement décevant de la part de Ken Loach. Mais le pire de la journée restait toutefois à venir avec le calvaire Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures (tout un programme rien qu'au titre), œuvre thaïlandaise ovniesque sur le thème de la réincarnation.

La fin du festival approchant et la fatigue n'aidant guère, la team EL craque : envois de SOS via SMS à tous nos collègues à l'extérieur de la salle qui ont préféré (à raison ?) s'abstenir, plaisanteries entre potes à chaque nouvelle scène, micro siestes entre chaque plan-séquence interminable : « Qu'est-ce que j'ai raté ? Rien, on n'est toujours sur le même plan depuis cinq minutes ! ». À l'issue de la projection, quelques sifflets se font entendre au milieu de francs applaudissements. C'est aussi ça, la magie de Cannes !

 Photos jour 9 : La Ferme, Secret Story...

 

Vendredi 21 mai

Ou la journée de tous les dangers car la bombe (polémique) du festival s'apprêtait en effet à être dégoupillée : Hors-la-loi. À la projo de presse matinale de 8h30, les habituels fouilles des sacs et détecteurs de métaux étaient aujourd'hui rejoints par un second examen approfondi du contenu des sacs et même... une fouille corporelle ! Un peu plus et l'on avait droit au touché rectal au pied des célèbres marches et devant des bataillons de CRS venus par cars entiers. À la projection officielle de l'après-midi en présence de l'équipe du film, des flics en motos et d'autres postés sur le toit du palais étaient même de la fête.

Y avait-il là à craindre des débordements en marge du millier de personnes (y compris du FN) qui avait manifesté plus tôt dans la matinée en ville ? Rien n'est moins sûr. Toujours est-il qu'au terme de cette dixième journée du 63ème festival de Cannes, aucun incident n'était à déplorer si ce n'est quelques « Vive l'Algérie » à l'issue de ladite projo de presse matinale qui s'achevait de l'avis générale dans une belle indifférence devant une œuvre bien faiblarde dont le statut polémique se révélera in fine un gigantesque pétard mouillé.

En comparaison, le reste de la journée sera beaucoup moins trépidante entre un Arbre de clôture sympathique à défaut d'être exceptionnel (à l'image de la sélection 2010 diront certains) et un rattrapage par Stf et Sandy du plaisant Simon Werner a disparu sur les recommandations de Lolo qui l'avait déjà vu la veille avant de terminer avec un nouvel OFNI (le troisième de la semaine) en provenance de Hongrie cette fois : Un garçon fragile. Sandy et Lolo s'accrochent tandis que Stf ne cherche même plus à lutter s'agissant de l'avant-dernier film de la compet. Demain samedi, c'en sera fini du 63ème festival de Cannes pour la team EcranLarge...

Photos jour 10 : Melissa Theuriau, Cheryl Cole...

 

Samedi 22 mai

Ou la journée des adieux. Si le Festival de Cannes se déroule officiellement du mercredi au dimanche suivant, soit 12 jours au total, concrètement, le samedi marque la dernière journée pour une large majorité de journalistes. En témoigne le Marché du film, si animé au cours de la quinzaine et désormais désert, tous les professionnels ayant déjà plié bagages. Pour ce onzième jour, il ne restait plus qu'un seul film, le 19ème et dernier présenté en compétition, L'Exode - Soleil trompeur 2, et accessoirement le long-métrage le plus long de la compet du haut de ses 2h30.

Une durée qui en aura visiblement découragé plus d'un puisque la grande salle Lumière était très loin d'afficher complet (doux euphémisme) à la projo de 8h30. Ce qui n'aura pas empêché notre ami Ilan d'avoir maille à partir avec des confrères italiens et britanniques. Pas de doute possible, au terme du festival, la fatigue commence à taper sur le système. Stf étant hors course depuis plusieurs jours (1h de vue pour 1h30 de sommeil), Lolo tente de se battre (une petite heure de dodo) et annonce un film sans intérêt à l'issue de la projection tandis que Sandy, toujours fidèle au poste (mais comment fait-il ?) y voit un Soldat Ryan russe.

Cet ultime long-métrage découvert, c'est l'heure du petit bilan vidéo pour toute la team EcranLarge avant de remballer nos affaires direction Paname City. Demain, dimanche 23 mai 2010, le jury présidé par Tim Burton dévoilera le Palmarès officiel de cette 63ème édition du Festival de Cannes avant de se refermer avec L'Arbre, un film de clôture parfaitement adapté, œuvre en forme de travail de deuil sur une sélection peu glorieuse (qu'aucuns diront même la pire de l'histoire du festival) mais aussi l'espoir d'un renouveau. C'est tout le mal que l'on peut souhaiter au plus grand festival de cinéma.

 

 

Dimanche 23 mai

Il était depuis quelques jours le favori des critiques (hors Ecran Large et sa solide moyenne de 1/5) et le jury de Tim Burton s'est joint au plébiscite. C'est donc Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures de Apichatpong Weerasethakul qui remporte la fameuse et tant convoitée Palme d'Or. Une œuvre difficile d'accès, singulière mais qui par son côté fantastique et délirant avait effectivement tout pour plaire à Tim Burton.  Si le film de Weerasethakul ne nous pas du tout séduit, il faut reconnaître qu'il s'agit bien là d'une vraie tentative de faire du cinéma avec un grand C et que c'est bien seulement à Cannes que de telles tentatives ont la possibilité d'être mises sous les feux des projecteurs. Car, à n'en pas douter, la rencontre avec le public risque fort d'être des plus confidentielles et faire de cette 63ème Palme d'Or l'une des moins fréquentées en salles. Pas de doute possible avec un tel prix, Cannes se coupe encore plus, si besoin, du grand public et ressemble de plus en plus à un démiurge enfermé dans sa tour d'ivoire. 

Le cinéma français est quant à lui, l'autre grand vainqueur de ce palmarès puisque Xavier Beauvois, Mathieu Amalric et Juliette Binoche ont tous les trois été récompensés et à juste titre. Beauvois repart avec le Grand Prix, sorte de médaille d'argent, pour son très beau Des hommes et des dieux qui évoque depiis l'intérieur l'histoire vraie de l'enlèvement puis l'exécution de 7 moines trappistes de Tibhirine au printemps 1996. Quant à Mathieu Amalric, il est récompensé d'un gonflé mais finalement mérité Prix de la mise en scène pour Tournée. Un retour aux sources pour celui qui avait embrassé la carrière d'acteur par la « faute » d'Arnaud Desplechin comme il l'a fort joliment rappelé lors de son discours de remerciements.  

Et Juliette Binoche, celle qui figurait sur l'affiche officielle de ce 63ème festival de Cannes, comme un bon pressentiment, a remporté l'un des rares prix qui manquait à son palmarès (César, Oscar,...). Dans Copie conforme d'Abbas Kiarostami, la comédienne est tout simplement magnifique et ce prix d'interprétation féminine est difficilement critiquable si ce n'est que l'actrice du Mike Leigh, Another year (le grand oublié du palmarès), Lesley Manville aurait mérité d'être également récompensée.  

Un prix ex-æquo n'aurait pas été usurpé d'autant plus que Tim Burton et son jury l'ont bien fait à la surprise générale pour le prix d'interprétation masculine. Que Javier Bardem remporte ce prix pour sa performance remarquable dans le Biutiful de Alejandro González Iñárritu est somme toute logique. Par contre que Elio Germano se joigne à lui pour le bien moyen La Nostra vita, était plus difficile à prédire tant le film ne restera pas dans les mémoires. Cela nous aura toutefois permis d'avoir un discours politique engagé du comédien mettant en évidence les carences et errements de son gouvernement.

Pour conclure ce palmarès, relativement classique (il faut dire que sur les 19 films, à peine la moitié pouvait prétendre à des prix), on notera l'éclairage sur un cinéma peu présent en compétition (l'Afrique noire) avec le prix du jury accordé au film tchadien, Un homme qui crie. Quant au prix du scénario, pas forcement celui qui lui sied le mieux, il vient récompenser le très touchant, Poésie de Lee Chang-dong. 

Voilà, on ne va pas vous mentir que ce palmarès ne nous séduit pas puisque nos deux chouchous, Fair Game et Another year, de manière prévisible (du moins pour le premier nommé) ont été complètement oubliés. Pas grave, on continuera à les défendre au moment de leur sortie. Et nul doute que ces deux là sauront trouver bien plus facilement les faveurs du public que les principaux vainqueurs de ce soir. La roue tourne toujours...

 

 

Palme d'Or : Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures de Apichatpong Weerasethakul

Grand Prix : Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois

Prix de la mise en scène : Tournée de Mathieu Amalric

Prix spécial du jury : Un homme qui crie de Mahamat-Saleh Haroun

Prix du scénario : Poésie de Lee Chang-dong

Prix d'interprétation masculine : Javier Bardem pour Biutiful et Elio Germano pour La Nostra vita

Prix d'interprétation féminine : Juliette Binoche pour Copie conforme

Caméra d'or : Año bisiesto de Michael Rowe

Palme du court-métrage : Chienne d'histoire de Serge Avedikian 

 

 

Le best of Photos de Cannes 2010

 

 

 

Jeudi 13 mai

Chongqing blues de Xiaoshuai Wang : La critique

 

Tournée de Mathieu Amalric : La critique

 

Vendredi 14 mai

The Housemaid de Im Sang-So : La critique

 

Samedi 15 mai

Another Year de Mike Leigh : La critique

 

Dimanche 16 mai

  La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier : La critique

 

  Un homme qui crie de Mahamat Saleh Haroun : L'avis

 

Lundi 17 mai

Biutiful d'Alejandro González Iñárritu : La critique

 

 Outrage de Takeshi Kitano: La critique

 

Mardi 18 mai

Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois : La critique

 

Copie conforme d'Abbas Kiarostiami : La critique

 

Mercredi 19 mai

Poésie de Shen Nong : La critique

 

 Mon bonheur de Sergueï Loznitsa

 

Jeudi 20 mai

Fair Game de Doug Liman : La critique

 

La nostra vita de Daniele Luchetti  : La critique

 

Vendredi 21 mai

Hors la loi de Rachid Bouchared : La critique

 

  Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures d'Apichatpong Weerasethakul: La critique

 

Samedi 22 mai

L'exode - Soleil trompeur 2 de Nikita Mikhalkov : La critique

 

 

Un garçon fragile - Le projet Frankenstein de Kornel Mundruczco

 

Mercredi 12 mai

 Robin des Bois de Ridley Scott : La critique

 

Jeudi 13 mai

Draquila - L'Italie qui tremble de Sabina Guzzanti : La critique

 

Vendredi 14 mai

Wall Street 2 - L'argent ne dort jamais de Oliver Stone : La critique

 

Samedi 15 mai

You will meet a tall dark stranger de Woody Allen : La critique

 

Kaboom de Gregg Araki : La critique

 

Dimanche 16 mai

L'Autre monde de Gilles Marchand : La critique

 

Mardi 18 mai

Tamara Drewe de Stephen Frears : La critique

 

Autobiographie de Nicolae Ceauşescu d'Andrei Ujica

 

Mercredi 19 mai

 

Dimanche 23 mai 

 
 
 
 

 
 
 
   

 
 

Marché du film - Jour 1 : JCVD, Michael Biehn, Winona Ryder...

 

La meute de Franck Richard : La critique

 

La meute et Djinns : Avis à chaud

 

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