Interview de l'équipe de Bus Palladium

Eric Provot | 15 mars 2010
Eric Provot | 15 mars 2010

Bus Palladium sort le 17 mars sur les écrans. Il s'agit de la première réalisation de Christopher Thompson que l'on est plus habitué à voir sur un écran ou aux côtés de sa mère pour l'écriture de scénarios. Nous avons donc rencontré le réalisateur et ses acteurs Marc-André Grondin, Arthur Dupont et Elisa Sednaoui pour parler de ce film.  Les deux acteurs y jouent deux membres d'un groupe en plein boom. Arthur Dupont  est Manu le chanteur qui vit sa vie à fond (peut-être trop) et Marc-André Grondin, le guitariste sur qui le groupe repose. Mais ils vont tous les deux tomber amoureux de Laura, interprétée par Elisa Sednaoui.

 

Ce film marque deux premières fois : la première réalisation de Christopher et le premier film ou l'on voit Elisa Sednaoui ? Comment ça s'est passé ?

Elisa Sednaoui : En fait, c'était mon second film. C'est mon premier film qui sort en salles. Le premier film on l'a présenté à Berlin cette année, il s'appelle Indigene D'Eurasie. C'est un film très indépendant. Bus Palladium c'était une expérience incroyable. J'ai eu la chance de rentrer dans un groupe de gens créatifs, jeunes avec beaucoup d'énergie et beaucoup d'humour. C'était génial. J'ai travaillé. J'ai préparé le rôle. J'ai travaillé la technique de la comédie donc c'était quelque chose de structurer. Et en même temps, sur le tournage je me suis beaucoup amusée. Je rigolais beaucoup. D'ailleurs, ils se moquent de moi parce que je rigolais tout le temps. Quand on regarde le making of, on me voit tout le temps en train de m'amuser. Ils me faisaient rire. Ils sont vraiment drôles. En plus en gang comme ça, c'est fou. Entre les prises, c'étaient les chansons. Et chacun avait sa manière de se concentrer. Moi, j'écoute ma musique je me mets de mon côté. Mais c'est agréable de travailler dans une ambiance ou l'on sent qu'on est tous là pour le film avec une énergie fraîche. C'était bien d'être avec des acteurs qui ont mon âge, qui sont au début de leur carrière. A part Marc-André (Grondin ndlr) qui s'y connait. Pour la plupart d'entre nous, c'est quand même notre premier film qui sort en salles. C'était un mélange de tout ça. Une ambiance extrêmement productive et en même temps dans le calme. Pas dans l'hyperactivité normale d'un tournage. Christopher  a instauré un calme où l'on pouvait se parler, communiquer. Christopher était vraiment là pour nous tous. Et ça c'est formidable. C'est lui qui a créé cette ambiance. Le groupe que l'on voit dans le film existe vraiment. On a fait une tournée dans le Sud. C'était Sète, Marseille, le bus et les avions. Nous étions tous ensemble. A la fin, c'était vraiment dur de les laisser. Ils me manquent beaucoup. Tous.

 

 

Et Christopher pourquoi avoir choisi ce film pour votre première expérience à la réalisation ?

Christopher Thompson : J'ai eu envie de raconter cet âge charnière de la vie. Ce n'est pas un film d'adolescents, côté teen movie avec le mal-être adolescent mais c'est un film sur des gens qui sont à la fin de leur adolescence, qui ont étiré leur adolescence un peu plus que la normale parce qu'ils ont ce rêve d'avoir un destin commun à travers la musique. En l'occurrence à travers leur groupe Lust. Et voila, j'ai eu envie de parler de ce moment charnière et de comment ce rêve collectif de rester ensemble avec des gens qu'on aime, une famille qu'on s'est créée à cet âge-là, vient se heurter aux difficultés d'une vie différente, d'une vie adulte avec ses choix différents.

 

 


 

Vous avez un casting d'acteurs peu connus, à part Marc-André Grondin. Pourquoi avoir fait un tel choix pour ce film ?

Christopher Thompson : J'ai écrit des personnages très jeunes donc par définition j'allais, à part une ou deux exceptions, m'adresser à des acteurs jeunes et donc peu connus. Marc-André Grondin, il a commencé très tôt. Il a fait C.R.A.Z.Y  et Le Premier jour du reste de ta vie et plein d'autres films  mais on le connait dans ces films-là.  Je l'ai contacté très tôt parce que j'avais envie de travailler avec lui parce que je trouve que c'est un acteur d'une finesse incroyable. Tous les autres, je les ai cherchés et j'ai rencontré beaucoup d'acteurs comme on fait dans ces cas-là. J'ai cherché chez eux ce qui correspondait aux personnages qu'on avait écrit avec Thierry Klifa. Je les ai trouvé les un après les autres individuellement. Après, c'est ce qu'on appelle une génération d'acteurs. C'est en fait des individualités. Je les adore tous. Je les trouve tous incroyablement talentueux. J'ai eu un plaisir énorme à travailler avec chacun d'entre eux.  Je pourrais parler longtemps de chacun d'entre eux. Elisa Sednaoui, c'est un personnage que j'ai cherché très longtemps. C'est un personnage très compliqué à trouver. Il fallait à la fois une grande jeunesse, une fragilité parce que c'est un personnage qui  a aussi ses duretés, ses ambigüités.  Je ne l'ai pas trouvé jusqu'à ce qu'Elisa arrive. Elle est arrivée au bon moment et elle a rempli ce trou qui restait dans le casting de manière absolument magnifique.

 

 

 

Evoluer dans un monde de rock et de rockstars, ça vous a plu ?

Arthur Dupont : C'est grisant parce que quand tu es sur scène, tu as toute la liberté pour y croire. Quand tu es comédien, surtout avec un personnage comme Manu (joué par Arthur Dupont dans le film ndlr) qui est très expansif et qui vit sa passion sur scène à fond, tu n'as pas le choix : il faut y croire. Du coup, moi c'était le luxe que j'avais, je pouvais y croire et je n'avais pas le choix. Quand tu es sur scène avec ta gratte, le morceau qui tourne en sachant que tu as les potes derrière, un petit regard à untel et on sait qu'on est dans la même réalité au moment de la séquence. C'était hyper bon. Il faut y croire quo !

Marc-André Grondin : C'est beau ce que tu dis.

Arthur Dupont : Oui mais je n'arrête pas de le dire à chaque fois.

Elisa Sednaoui : En ce qui me concerne, c'était une chance incroyable de pouvoir jouer une groupie mais une groupie de pouvoir. Parce que Laura, c'est quand même une muse, une égérie. C'était génial. Je me rappelle c'était le printemps de l'année dernière. C'était le début des fleurs avec un air un peu plus chaud à Paris. J'écoutais tous les jours les Rolling Stones, Curtis Mayfield, Super tramp, Prince...  C'est une chance incroyable en 2010 de pouvoir jouer une époque qui était tellement différente. Je veux dire aujourd'hui on a tout mais il y a une espèce de sentiment de liberté qui vient d'être acquise dans le film. Mais Laura c'est vraiment une femme moderne pour son époque aussi. Elle est libre, elle croit, elle aime, elle y va. Un rôle en or !

 

 

Comment avez-vous abordé justement aborder ce rôle de la fille qui fait capoter le groupe ?

Elisa Sednaoui : Quand on est acteur, je crois qu'on ne peut pas envisager les choses de ce point de vue. Quand on est comédien, on joue les actions que le rôle nécessite. Ce que je veux dire, c'est que j'ai préparé toutes les scènes une par une en considérant ce qui venait avant, en me préparant comme tout les acteurs. Je me suis laissée portée par l'histoire, portée par la situation et j'ai cru à ce que je faisais. Et je l'ai pas vécu en me disant « C'est le rôle de celle qui fait tourner la tête à tout le monde ». Je l'ai fait en jouant Laura une fille qui aime la musique, qui est complètement fascinée par les créateurs de musique, qui grâce à ce groupe se trouve une famille qu'elle n'a pas forcément car c'est une fille très seule. Donc j'ai joué ça et une par une les situations dans lesquelles Laura se trouve. Et c'est une fille sincère.  C'était ça qui était important. Elle est sincère dans ses sentiments. Elle ne cherche pas des jeux. Elle aime les deux garçons pour des raisons différentes parce qu'on a tous besoin de choses différentes. Dans la vie, on a de la chance si on trouve une personne qui regroupe ça.

 

 

Plus qu'un film sur le rock on sent que c'est un film de potes. Cela a du se ressentir sur le tournage ?

Marc-André Grondin : Pas du tout (rires)

Arthur Dupont : Complètement.  La force du casting, je crois, c'est que Christopher et Brigitte Moidon, la directrice de casting, ont réussi à trouver des comédiens qui avaient une personnalité qui se rapprochait du personnage qu'ils allaient incarner. Du coup, quand tu es sur un plateau avec ces gens-là, leur personnalité étant un peu proche de celle du personnage, tu mets tous les comédiens qui vont interpréter ces personnages ensemble et t'as une alchimie qui est un peu celle de l'écriture.

Marc-André Grondin : Ce qui était cool, c'est qu'on a commencé à bosser et à répéter tous les morceaux, toutes les chansons trois semaines avant le début du tournage. Moi je suis arrivé trois semaines avant le début du tournage. Eux ils avaient bossé avant. Mais on s'est retrouvé en tant que groupe trois semaines avant le début du tournage. Et pendant trois semaines du lundi au vendredi on jouait les morceaux toute la journée comme un groupe. On se préparait et on s'est retrouvé ensemble. On a joué et ça a pris deux jours et le groupe existait. Ce qui a fait que sur le plateau, on a commencé à tourner et entre les prises ça ne changeait rien. Qu'on dise action ou couper, peu importe, on se regardait et on se parlait de la même façon. 

 
 

 

Autoportrait de Christopher Thompson, Elisa Sednaoui, Marc-André Grondin et Arthur Dupont

 

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