Critique : L'Argent

Nicolas Thys | 23 avril 2008
Nicolas Thys | 23 avril 2008

A ne pas confondre avec le dernier film de Robert Bresson, tiré d'une nouvelle de Tolstoï, L'Argent est une admirable adaptation du roman homonyme d'Emile Zola écrit en 1891, dont il conserve la trame générale mais qu'il transpose dans la France des années 1920, devenue plus capitaliste encore. Naturaliste le film l'est en partie dans sa manière d'observer un homme aux prises avec le monde qui l'entoure ainsi que ses relations avec ses congénères. Ici l'homme est un obsessionnel de l'argent, un banquier manipulateur et spéculateur prêt à tout pour s'enrichir et qui pense que tout s'achète, y compris les sentiments.

 

Ce qui est original, et qui parvient à faire de L'Argent un très grand film, c'est la manière dont Marcel L'Herbier arrive à transposer cinématographiquement le roman. Loin d'en faire un semi-documentaire qui se contenterait d'observer le protagoniste, le cinéaste use au contraire de tout l'arsenal technique dont il dispose et de moyens conséquents pour faire de son film une œuvre d'avant-garde au même titre que ce que le cinéma français produisait de mieux à cette époque entre des éclairages impressionnistes somptueux, un décor grandiose aux perspectives parfois forcées de Lazare Meerson dont le faste ou l'étroitesse sont toujours caractéristiques de la psychologie des personnages et une mise en scène réfléchie et parfaitement adaptée au discours.

 

On retrouve dans ce film le meilleur du L'Herbier cinéaste, mais également du L'Herbier théoricien, dont les recherches plastiques et formelles vont de paire avec le combat qu'il a pu mener dans ses articles et ouvrages pour faire du cinéma un art vivant.

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