Critique : August Rush

Lucile Bellan | 17 mars 2008
Lucile Bellan | 17 mars 2008

Présenté par tous comme le film interdit aux cyniques (enfin, surtout par ceux qui ne le sont pas), August Rush est en effet un condensé d'étonnantes niaiseries, lieux communs et scènes d'une audace affligeante. Impossible de passer sous silence l'arrivée à New York, où le jeune garçon joue les chefs d'orchestre des bruits de travaux et de circulation, a priori pas une mauvaise idée sauf qu'elle n'est ni exploitée, ni assumée, juste gâchée. Difficile aussi de ne pas très vite détester le personnage principal, idiot illuminé aux grands yeux vides, qui agace à maîtriser chaque instrument en quelques minutes pour les simples (guitare) à quelques heures pour les plus compliqués (orgue d'église). Les réfractaires de la flûte obligatoire au collège grinceront donc des dents.

 
Ce qui séduit pourtant dans August Rush, c'est indéniablement son casting : Keri Russel (notre chère Felicity), Jonathan Rhys-Meyer (Match Point) et surtout notre roi du cabotinage préféré Robin Williams. Seulement, assez peu utilisée, cette belle brochette ne se révèle composer que de personnages artificiels et unilatéraux. L'histoire qui unit les fameux parents est, à la réflexion, assez pathétique et pourrait se résumer à un one-night-stand contrarié, laissant le couple séparé, frustré et adepte du fantasme : facile de rêver l'amour quand on ne connaît pas l'autre.

 
Musicalement, le film est assez pauvre, même si fourmillant de bonnes idées partiellement ou totalement inexploitées. Le rocker de père joue de la soupe easy listening avec un aplomb déconcertant et la violoncelliste de mère arrête la musique pendant 10 ans pour la reprendre dans un final en apothéose comme si elle avait juste pris des vacances.

 
Léger et artificiel, August Rush est un divertissement très light qui peut tout de même provoquer l'overdose, mais qui irrésistiblement garde le spectateur en haleine jusqu'à la fin. Qu'on le voit au premier comme au dixième degré, comme un chef d'œuvre ou un nanar absolu, ce film ne laisse aucun spectateur indifférent et c'est finalement, peut être, tout ce qui compte ici.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(4.5)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire