Top science-fiction n°6 : La Planète des singes

Patrick Antona | 12 décembre 2009
Patrick Antona | 12 décembre 2009

Pour lancer le compte à rebours avant l'évènement Avatar qui sortira sur nos écrans le 16 décembre prochain, la rédaction d'Ecran Large a remis le bleu de chauffe et a recommencé à se plonger dans une classement impossible.

Après vous avoir proposé notre classement des 31 meilleurs films d'horreur dans l'histoire du cinéma, nous avons opté pour l'univers de la science-fiction et ainsi d'élire ce qui sont pour nous les 31 meilleurs films du genre. La règle de ne pas avoir plus d'un film par cinéaste ne s'applique pas ici (c'était au dessus de nos forces pour certains réalisateurs).

La seule règle que l'on a décidé d'appliquer (et qui sera critiquable comme beaucoup de règles) : un film qui était déjà dans notre classement de l'horreur ne pouvait pas réapparaître dans ce nouveau classement.  14 membres de la rédaction ont donc été invités à envoyer leur liste de leurs 70 films préférés.

A partir de ces listes, on n'a gardé que les films cités plusieurs fois par chacun d'entre nous. On a alors resoumis la liste finale à un vote pour obtenir le classement final que nous allons vous faire découvrir quotidiennement jusqu'au 16 décembre 2009 qui révèlera le numéro 1 de la rédaction.

Un éclairage par jour durant 31 jours sur des incontournables du cinéma de science-fiction.  Et en guest star pour commenter nos choix, on retrouve Vincenzo Natali, le réalisateur de Cube, Cypher, Nothing et du très attendu Splice, étant un parfait ambassadeur du futur de la science-fiction au cinéma.

 

 

6 - La Planète des singes (1968) de Franklin J. Schaffner

Vincenzo Natali : J'étais trop jeune pour être pris dans la folie pour les singes. En fait je n'ai vu l'intégralité de cette première Planète des singes que très récemment. Cela m'a impressionné, mais l'expérience ressemblait à cette poupée que trouve Charlton Heston : un vieil artefact dont l'utilité a été perdue à travers les âges. Mais cela demeure bien meilleur que l'horrible version de Tim Burton.

Luc Besson : "C'est un  classement de journalistes !... Je vous remercie de ne pas avoir mis le 5e élément... Heureusement que c'est pas le même pour les spectateurs !"

Patrick Antona :   

Illustration magnifique de l'inversion des points de vue, La Planète des Singes est à la fois une aventure barbare et passionnante et une parabole sur le côté irrationnel de l'homme, auquel l'image finale apporte un impact qui ne s'est jamais atténué.

Jean-Noël Nicolau :

Philosophique et apocalyptique, un conte passionnant à la force toujours aussi surprenante.

Laurent Pécha :

Film d'aventures fascinant, fable philosophique et pamphlet politique, La Planète des singes représente la quintessence de la SF au cinéma

 

 

 

Dans la série de films des SF issus du foisonnement intellectuel des années 60 et qui ont fait entré définitivement le genre dans sa phase adulte, La Planète des Singes est celui qui, aux côtés d'œuvres comme 2001, l'Odyssée de l'Espace, Charly ou L'Opération Diabolique, a le plus contribué avec bonheur à associer le côté « entertainment » cher aux grands producteurs hollywoodiens avec une réflexion incisive et critique sur l'état du monde et plus particulièrement sur le devenir de l'homme. Le succès et l'impact du film aidant, qui gagna aussi un statut culte dès sa sortie, allaient générer à la fois un merchandising lucratif pour ses promoteurs ainsi que la mise en chantier de plusieurs sequels (4 au total) ainsi qu'une série TV qui allaient finir petit à petit à édulcorer le thème initial. Mais l'expérience de la saga Planète des Singes n'en présente pas moins les prémisses du mode de fonctionnement des blockbusters qui trustent actuellement les première places du box-office. Et cela, près de 10 ans avant la venue d'un certain Star Wars sur les écrans mondiaux.


Tout commence en 1963 avec la sortie du roman d'anticipation de Pierre Boulle, La Planète des Singes. L'écrivain français, ancien des Forces Françaises Libres ayant combattu en Asie pendant la seconde guerre mondiale, avait déjà connu le succès avec le premier recueil de nouvelles de science-fiction jamais publié par un écrivain français, Contes de l'Absurde, mais gagné surtout une notoriété mondiale grâce à l'adaptation de son meilleur roman, Le Pont de la rivière Kwaï, en 1957. Le drame épique magnifié par la réalisation de David Lean remporta  7 Oscars, dont un pour Pierre Boulle, cité comme co-scénariste aux côtes des blacklistés Carl Foreman et Michael Wilson. Peu apprécié en France, le travail de l'écrivain suscite l'intérêt des plus aiguës des producteurs américains, toujours bon à flairer le bon coup qui s'appuie sur un matériel solide. A peine traduit en anglais, le manuscrit de La Planète des Singes trouve de suite acquéreur en la personne de Arthur P. Jacobs.

 

 


Ce dernier est déjà une figure connue du tout-Hollywood dont le destin particulier mériterait un film. Débutant comme coursier au service presse de la Warner Bros, il grimpe vite les échelons et fini par fonder sa propre agences de publicité, s'occupant de l'image de stars comme Gregory Peck ou Marylin Monroe. Cette dernière d'ailleurs le pousse à devenir producteur, et les deux compères ambitionnent vite de porter à l'écran la comédie musicale parodique What a Way to Go!. Malgré le décès soudain de la star en 1962, Arthur P. Jacobs réussit à monter le film avec cette fois-ci Shirley McLane en vedette et la sortie de Madame Croque-Maris (titre VF) avec une pléiade de guest-stars masculines, est un véritable succès. En pourparlers pour rejoindre la 20th Century Fox avec Richard D. Zanuck, fils du mogul Darryl F. Zanuck, il lui amène sur un plateau le manuscrit du roman de Pierre Boulle et réussit à le convaincre que le conte philosophique agrémenté de science-fiction ferait un film d'envergure.

 

 


D'ailleurs Arthur P. Jacobs a déjà engagé Rod Serling, le renommé créateur de l'anthologie télévisuelle La Quatrième Dimension, pour élaborer diverses versions du scénario, ainsi que des graphistes capables de visualiser le monde futuriste dominé par des singes évolués. Au final, Rod Serling accouchera de pas moins de 30 versions de l'histoire qui, peu ou prou, respectent la tonalité et le fond du roman de Pierre Boulle, ce dernier n'ayant jamais été vraiment satisfait de la qualité de son récit. La Planète des Singes narre la confrontation d'un voyageur cosmique terrien, Ulysse Mérou, avec une civilisation simiesque ayant supplanté la race humaine sur une planète situé dans la constellation d'Orion. Ravalé au rang d'animal domestique ou de bétail, à l'identique des derniers humains de la planète retournés à l'état sauvage, il n'aura de cesse de prouver son « humanité » tout en faisant plus ample connaissance avec cette étrange civilisation géré par les orangs-outans (le pouvoir politique), les gorilles (la force militaire) et les chimpanzés (la maîtrise des sciences). Evolués et conscient, les singes sont arrivés à un stade technique équivalent à l'ère industrielle des années 60, disposant de moyens de transports comme l'avion ou l'automobile et ayant découvert la Relativité. Ulysse finira par convaincre des scientifiques chimpanzés, Cornelius et Zira, de ses origines terriennes et ses derniers l'aideront à quitter la planète des singes aux commandes du vaisseau qui l'y avait précédemment amené. A son retour sain et sauf de son odyssée, Ulysse se verra être accueilli en grande pompe par une assemblée de... gorilles !

 

 


Point central du scénario qui doit être alors adapté, et qui respecte la trame du roman, la représentation de cette société de singes évolués doit s'avéré crédible, aux yeux des spectateurs de l'époque, sinon tout le film ne serait vu que comme une vaste parodie. A part King Kong et Monsieur Joe et ses créations en stop-motion ou Cheetah dans les Tarzan, les singes étaient souvent interprétés par des comédiens (dont les plus connus étaient Ray « Crash » Corrigan et Charles Gemoras) sous de grossiers costumes peu crédibles. Conscient que la création de maquillages de qualité est indispensable pour l'avancée de la post-production, Zanuck fait intervenir le maquilleur maison de la Fox, le capé Ben Nye qui a plus de 300 films au compteur ! Parallèlement aux efforts faits sur le design des singes, Arthur P. Jacobs réussit à convaincre Charlton Heston de devenir la star de son film, qui deviendra l'astronaute américain George Taylor. L'immortel interprète de Moïse imposera alors comme réalisateur Franklin J. Schaffner avec qui il vient de faire le spectaculaire drame hitorique Le Seigneur de la Guerre. Exit l'anglais Jack Lee Thompson (Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif) avec qui Arthur P. Jacobs avait pensé en premier , mais il se rattrapera quelques années plus tard en lui confiant la réalisation des deux derniers films de la série. Technicien doué formé à la rude école de la télévision US, comme John Frankenheimer ou Robert Altman, Franklin J. Schaffner n'a jamais rechigné à se frotter à des sujets qui portaient à controverse comme le monde des entourloupes politiques dans Que le meilleur l'emporte avec Henry Fonda ou le droit de cuissage aux temps du Moyen-Age avec Le Seigneur de la Guerre. Pour l'instant, il met la dernière main sur le thriller d'espionnage La Griffe avec Yul Brynner, et c'est Arthur P. Jacobs qui monte une équipe chargé de tourner un test qui doit prouver tout le potentiel de La Planète des Singes aux bailleurs de fond de la Fox. La courte séquence mise en boite en mars 1966 qui voit Charlton Heston échangeant des propos avec Edward G. Robinson grimé en orang-outan et avec James Brolin et Linda Harrison maquillés sommairement en chimpanzés finit de convaincre les cadres du bien fondé de l'entreprise.

  


La pré-production est lancée avec un début de tournage programmé pour la mi-mai 1967,  mais les premiers problèmes surviennent assez vite. Edward G. Robinson qui doit incarner le Docteur Zaius quitte le navire, sa santé chancelante ne lui permettant pas de supporter les heures nécessaires à la pose des maquillages. Il sera vite remplacé par l'acteur shakespearien  Maurice Evans, choix qui motivera l'orientation voulue par Arthur P. Jacobs, à savoir de faire incarner les singes par des acteurs de qualité. Sont ainsi engagés par la suite James Whitmore mais ce sont surtout les interprètes des chimpanzés qui se révèleront être les bonnes pioches pour les suites de la saga, à savoir l'anglais Roddy McDowall, enfant-star qui a commencé sa carrière cinéma dès l'age de 10 ans, et Kim Hunter, ancienne de l'Actor Studio. Ces deux comédiens, réussissant à être plus qu'expressifs sous leur maquillage et crédibles, contribueront à la réussite de l'ensemble. Autre contretemps survenu en plein préparatifs, le budget doit être revu à la baisse et se voit ramener aux alentours de 6 millions de dollars (Kubrick disposera en comparaison de 11 millions pour mener à bien son 2001). La raison première de cette brusque déflation est du fait des actions d'Arthur P. Jacobs lui-même, sa dernière production, la comédie fantastique L'Extravagant Docteur Dolittle étant en plein dépassement de fonds  (le film se vautrera au box-office à sa sortie d'ailleurs). Seul garantie obtenue auprès du staff de la Fox, il réussit à maintenir le budget des effets de maquillage à 2 millions qui seront réservés à la confection de plus de 80 créatures réalistes. Arrivé sur le tard sur le projet, le spécialiste John Chambers, un ancien technicien en prothèses médicales ayant fait ses classes sur de nombreuses séries TV des sixties (les oreilles de Spock c'est lui !), amène toute sa maîtrise du latex et supplante Ben Nye comme concepteur des maquillages. C'est lui qui aura l'idée de plusieurs prothèses qui s'assemblent pour en faire un tout homogène et qui laissent toute liberté aux comédiens de faire passer leurs émotions.

 

 


Cette réduction de budget verra Zanuck et Jacobs réviser leurs ambitions à la baisse, et décider de remodeler le scénario, transformant le monde avancé des singes, avec leurs tours futuristes, leurs hélicoptères et autre monorail en une civilisation plus proche d'un Moyen-Age barbare, à la population moindre et aux villes plus petites. Le directeur artistique William Creber s'inspire des cités troglodytes de l'Anatolie pour concevoir le domaine des singes et les costumes seront plus basiques, usant de matériaux comme des tissus aux tons uniformes (trois couleurs différentes pour les races de singes dominants) ou le cuir. Cette nouvelle orientation prise par le projet est aidé par les suggestions du nouveau scénariste embauché pour remettre de l'ordre dans le script laissé par Rod Serling, Michael Wilson, titulaire de 2 Oscars et qui avait vu sa carrière stoppée par la Chasse aux Sorcières dans les années 50. Ainsi il fut obligé de travailler sans être cité sur des nombreuses productions comme Le Pont de la Rivière Kwaï ! Si la satire sociale était déjà présente dans le roman originel, Michael Wilson va y apporter une forme de subversion politique, sûrement inspirée par son expérience personnelle. Ainsi il introduit dans le scénario toute une sous-intrigue centrée sur le procès de Taylor, qui doit justifier de son état d'être civilisé auprès du conseil des orangs-outans, et qui renvoie aux auditions publiques du temps du Maccarthysme où étaient traqués les soit-disant ennemis de l'Amérique. Le simple inversement des valeurs entre l'homme et le singe se pare d'une dose de contestation politique, directement issue de l'agitation qui secoue la vie civile aux USA, avec ses émeutes raciales et les grands rassemblements contre la guerre du Vietnam.

 

 


Lorsque le tournage débute au printemps 1967, Franklin Schaffner n'a que 55 jours pour tout mettre en boîte, exploit qu'il réussira à mener grâce à son sens de l'efficacité et un parti-pris visuel novateur qui lui fait privilégier la multiplicité des angles de vue. Aidé du directeur photo Leon Shamroy, il se sert des décors naturels des parcs de l'Utah et de l'Arizona, aux formations rocheuses caractéristiques, pour créer la sensation d'un paysage extra-terrestre où vont déambuler les trois astronautes terriens, survivants du crash de leur vaisseau spatial. Le sentiment d'étrangeté est rendu d'autant plus prégnant par la musique révolutionnaire de Jerry Goldsmith, qui mêle avec harmonie sonorité électronique avec des instruments tribaux. Puis arrive la séquence de la chasse dans le champ de maïs, premier climax du film au bou d'une demie-heure de métrage, où sont révélés à la fois l'état de sous-développement des humains indigènes, mais aussi le véritable visage des maîtres de la planète. Tourné du point de vue de Taylor, traqué comme du gibier avant de finir dans les filets des gorilles, cette scène est demeuré une des plus marquantes du cinéma de science-fiction. Au vu des rushs produits pour cette scène, Zanuck comprit enfin que le film était sur de bons rails et allait marqué une étape importante dans le genre cinématographique.

 

 


Que ce soit dans Les Dix commandements, Les 55 Jours de Pékin ou L'Extase et l'Agonie, Charlton Heston avait toujours excellé dans les rôles en costume, usant de sa mâle assurance. Mais paradoxalement, il se voit évoluer dans La Planète des Singes toujours à moitié nu, rabaissé au rang de bête traquée, souvent en guenilles lorsqu'il ne porte qu'un mince pagne, mais mettant en valeur sa musculature. La mise en avant de son physique malgré l'adversité préfigure le style d'action-man qui fleurira dans les années 80 avec Arnold Schwarzenegger ou encore Bruce Willis. Une fois capturé et emmené dans la cité des singes, son côté arrogant et presque violent vis-à-vis de la société simiesque sera petit à petit tempéré par son contact avec le couple de chimpanzés, Cornelius et Zira, sensés l'étudier et qui finiront par épouser sa cause. L'aventure dramatique se voit agrémentée par une dose de comédie où Taylor est présenté le « chainon manquant » entre l'homme et le singe, ces derniers étant désormais les garants de la raison. Et Taylor d'enfoncer le clou de son irrationalité (et de son racisme ?) en tentant de s'évader, tentative vouée à l'échec mais qui sera marquée par la réplique devenue culte : « Take your stinking paws off me, you damned dirty apes ! » et qui est le second climax du film, la révélation pour les singes qu'ils ne sont pas les seul êtres doués de la parole.

  


Le tournage des péripéties censées se situer dans la cité des singes s'est déroulé sur les lieux du ranch californien de la Fox, où seront réutilisés d'ailleurs certains éléments de Dr Dolittle, garantissant quelques économies à la production. Ces scènes rassemblant la troupe la plus hétéroclite des différentes espèces se révèlent être un véritable tour de force pour les maquilleurs gérés par John Chambers. L'énorme travail est vite abattue malgré le temps de tournage réduit mais du fait des efforts soutenus des techniciens, le temps de pose des prothèses passent de six à trois heures, un système de camions réfrigérés permettant au acteurs de conserver leurs attributs sans que ceux-ci soient détériorés par la chaleur, et grâce aussi aux professionnalismes des acteurs aidant, mimant les attitudes des singes parfois avec un peu d'outrance. Signe que l'atavisme est une force sociale contre quoi il est dure de lutter, les moments de pause voient les groupes de comédiens se former en fonction des masques qu'ils portent, les chimpanzés ne se mêlant ni avec les gorilles ni avec les orangs-outans !

 

 


La scène du procès de Taylor, où il défend la cause de l'humanité, est le pivot qui permet de lever petit à petit le voile sur les mystères sous-jacents de la planète, et dont les « Manuscrits sacrés » sont censés en être dépositaires. La parabole sur la justice dévoyée qui ne sert que les puissants et à garantir à tout prix l'équilibre social est ici flagrante avec les orangs-outans qui condamneront  Taylor à être lobotomisé, ce dernier ayant réussi à contredire ces accusateurs et à prouver son intelligence. Aidé par les chimpanzés, il se rendra vers les Territoires Interdits, accompagnée de Nova, gironde sauvageonne incarnée par Linda Harrison, ex-reine de beauté et actuelle girlfriend de Zanuck, où ont été mis à jours des reliques tendant à prouver que l'homme a bien dominé la planète des singes. Après avoir réussi à mettre hors d'état de nuire les gorilles le traquant et réussit à capturer le Dr Zaius, toujours acharné à sa perte, il négociera une trêve pour pouvoir s'avancer encore plus profondément dans la zone où même les singes n'osent pénétrer, et se verra confronté à son funeste destin. Lorsque Taylor découvre avec effarement les ruines de ce qui fut la Statue de la Liberté, il comprend qu'il avait été le jouet de la fameuse Relativité, se trouvant depuis le début de son périple dans un futur où la Terre a été détruite par une apocalypse nucléaire, permettant l'avènement des singes !

 

 

 


Révélation restée marquante par son impact visuelle, issu du scénario de Rod Serling, avec le monument émergeant à moitié du sol et l'abattement  de Taylor, complètement désillusionné sur la nature humaine (« You maniacs ! You blew it up ! ») et qui clôt sur une séquence anthologique un des films les plus aboutis du genre SF et dont la morale ne laisse personne indifférent.
Distribué en Février 1968, La Planète des Singes rencontrera un gros succès commercial en rapportant 26 millions de $ (2001 l'Odyssée de l'Espace battra ce record quelques mois plus tard) et bénéficiera de critiques élogieuses, son côté satire politique réussissant à complaire au public adulte et sensible aux idées libérales alors que les plus jeunes seront conquis par le côté aventure et novateur de l'œuvre. Les Oscars viendront récompenser les progrès techniques accomplis sur le tournage avec une récompense pour John Chambers pour les maquillages. Mais l'achèvement le plus complet se fera avec le temps, où le film de Franklin J. Schaffner se révèlera être une des étapes essentielles qui a vu la science-fiction devenir un genre respectable au cinéma.

 

 


Par la suite, les producteurs exploiteront le filon jusqu'à épuisement avec quatre suites (Le secret de la Planète des Singes, Les évadés de la Planète des Singes, La conquête de la Planète des Singes, La bataille de la Planète des Singes) et une ultime série TV en 1974, Charlton Heston se complaira avec succès dans les rôles de sauveurs de l'humanité dans des lendemains qui déchantent avec Le Survivant en 1971 et Soleil Vert en 1973, et Franklin J. Schaffner connaîtra enfin la consécration artistique avec son Patton en 1970.
En 2001, Tim Burton tentera une nouvelle approche du roman de Pierre Boulle, en tentant d'être plus fidèle au matériel originel et en accentuant le côté spectaculaire, aidé par des SFX et des maquillages plus évolués. Mais il ne réussira pas à égaler son illustre modèle, malgré les moyens mis en œuvre et quelques astucieux emprunts au film de 1968, preuve que ce dernier demeure une imparable et indémodable référence.

 

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