Une année, un film : Les oeuvres qui ont marqué Eric Valette (5)

Jean-Noël Nicolau | 19 novembre 2009
Jean-Noël Nicolau | 19 novembre 2009

Le 25 novembre prochain sort Une affaire d'Etat, un modèle de polar à l'efficacité redoutable (lire notre critique) signé par un cinéaste français qui était parti depuis quelques années aux Etats-Unis, Eric Valette. Pour vous donner envie d'aller découvrir un film haletant qui renoue avec un genre (mixant policier et politique) que le cinéma français a laissé tomber depuis trop longtemps, on a donné la parole à son auteur pour qu'il évoque les films qui l'ont marqués au cours de sa vie. On a donc repris le jeu horrible auquel on avait soumis Rémi Bezançon il y a plus d'un an (lire ses choix), à savoir choisir un (et seulement un) film phare par année de sa vie et nous raconter pourquoi ce dernier a marqué sa vie de cinéphile (pour ce jeu, on tient compte de la sortie du film en salles françaises).

 

 

1987

Les Incorruptibles de Brian De Palma

Encore un de ces films qu'on peut se passer en boucle: un film classique d'une grande élégance, épicé par les accés fiévreux de la mise en scène de De Palma qui multiplie les scènes d'anthologie, de la charge western à la frontière canadienne à la fusillade de la gare qui est à mon sens un des plus beaux exemples d'utilisation du ralenti au cinéma. Les personnages superbement écrits et interprétés, la direction artistique de haute tenue sans oublier le score déchirant de Morricone: on est très très proche de la perfection et ceux qui reprochaient à DePalma une certaine froideur en sont pour leur frais, car le film est très viscéral et émouvant.

 

 

1988

La Bête de guerre de Kevin Reynolds

Encore une découverte "Starfixienne". Un excellent film de guerre sans concessions, passé inaperçu lors de sa sortie, sur un conflit très peu filmé, la guerre d'Afghanistan. La Bête De Guerre rejoint les oeuvres les plus marquantes de Siegel ou Aldrich sur les hommes en guerre, dans une période des 80s marquée par un cinéma hollywoodien de plus en plus infantile. C'est aussi la révélation d'un immense acteur américain, Jason Patric, qui a malheureusement un peu raté le coche par la suite là où des types avec moins d'aspérités, comme Brad Pitt  ou Johnny Depp, ont raflé la mise.

 

 

1989

Invasion Los Angeles de John Carpenter

Une année globalement assez moyenne que 89. Bon ok, il y avait Faux Semblants et Abyss tout de même, mais finalement le film que j'ai probablement le plus revu depuis est Invasion Los Angeles, "petit" Carpenter mais immense brûlot politique et quintessence d'une certaine idée de la série B décomplexée et jouissive. Dans cette période profil bas, Carpenter revenait au minimalisme de ses premiers films et maximisait ses petits budgets avec son sens du cadre et l'élégance du scope. Le dyptique Prince Des Ténèbres/Invasion Los Angeles reste des modèles du genre.

 

 

1990

Les Affranchis de Martin Scorsese

Le grand retour de Scorsese après une période difficile! Il a un script aux petits oignons pour celà, qui le tire vers les sommets de sa virtuosité filmique... Le film est de la pure musique kinétique, d'un rythme et d'une fluidité extraordinaire qui nous fait vivre de l'intérieur la splendeur et le déclin d'un truand de Little Italy. En plus de la ribambelle de tronches incroyables dans les seconds rôles, le trio Liotta/ De Niro/Pesci fait des étincelles.

 

 

1991

Le Silence des Agneaux de Jonathan Demme

Le film de "tueur en série" est devenu un genre en soi après celui-là et les films se sont succédés sans presque jamais retrouver la teneur dramatique et la force filmique du film de Demme, un vrai cinéaste "profil bas": qui ne joue jamais au plus malin avec ses sujets mais qui sait les servir de manière admirable. Jodie Foster sublime en petit bout de femme qui déplace des montagnes, Hopkins génial dans sa dignité de fauve en cage, des séquences de suspense insoutenables: il y a tout pour ce qu'on appelle "un classique instantané".

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