Une année, un film : Les oeuvres qui ont marqué Eric Valette (1)

Jean-Noël Nicolau | 6 novembre 2009
Jean-Noël Nicolau | 6 novembre 2009

Le 25 novembre prochain sort Une affaire d'Etat, un modèle de polar à l'efficacité redoutable (lire notre critique) signé par un cinéaste français qui était parti depuis quelques années aux Etats-Unis, Eric Valette. Pour vous donner envie d'aller découvrir un film haletant qui renoue avec un genre (mixant policier et politique) que le cinéma français a laissé tomber depuis trop longtemps, on a donné la parole à son auteur pour qu'il évoque les films qui l'ont marqués au cours de sa vie. On a donc repris le jeu horrible auquel on avait soumis Rémi Bezançon il y a plus d'un an (lire ses choix), à savoir choisir un (et seulement un) film phare par année de sa vie et nous raconter pourquoi ce dernier a marqué sa vie de cinéphile (pour ce jeu, on tient compte de la sortie du film en salles françaises).

Voici les 5 premiers choix d'Eric Valette. Les autres suivront dans les jours à venir.

 

 

 

1967

L'Operation diabolique de John Frankenheimer

 

J'ai découvert ce film tardivement mais ce fut un grand choc. D'abord parce que j'aime les thrillers paranoïaques et que là, c'est un peu la quintessence du genre, tant dans la forme que dans le fond. Et aussi parce que la noirceur du propos nous renvoie en permanence à la vanité et la misère de l'existence humaine, des considérations qui sont incroyablement osées dans un contexte de production Hollywoodienne. Rock Hudson joue de son charme déclinant avec beaucoup d'audace.

 

 

1968

Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone 

 

Je suis un fan du western, autant américain qu'européen, de toutes les décennies. C'est tout naturellement que je place un classique du western à l'italienne dans le classement. L'équilibre parfait entre le style hiératique et la façon unique de gérer le temps de Leone et un script jouissif alternant noirceur et ironie. Et puis: Eastwood, Van Cleef, Wallach, autant de gueules burinées inoubliables amoureusement cadrées en gros plans ou comment créer des icones instantanées...

 

 

1969

La Horde sauvage de Sam Peckinpah

 

Mon film favori de Peckinpah (et peut-être tout court) est probablement "Coups De Feu Dans La Sierra" de mais difficile de négliger La Horde Sauvage qui sonne le glas du règne des vieux briscards de l'ouest, à la fois dans le récit et sur le genre lui-même. Le téléscopage d'un style classique avec des inventions de montage audacieuses, le cast exceptionnel réuni pour une dernière charge héroïque, c'est beau à en pleurer... "If they move, kill'em"

 

 

1970

Le Cercle rouge de Jean-Pierre Melville

 

Le plus grand auteur de polar français aux commandes dans ce qu'il a fait de plus épique, dépouillé et mutique à la fois. Même si le cast choral est remarquable, c'est tout de même Bourvil, spectral et bouleversant, qui emporte le morceau. Le film m'hypnotise à chaque vision. La façon dont la réalisation prend son temps tout en restant en permanence dans le mystère et la tension, c'est tout simplement sidérant. L'idée que Melville ait été à  la fois un expérimentateur dans la forme tout au long de sa carrière et un cinéaste couronné par le succés populaire est une idée vraiment réjouissante.

 

 

1971

Les Proies de Don Siegel

 

J'admire depuis longtemps Siegel, un immense réalisateur très prolifique, qui a enchaîné nombre de films mémorables dans cette période faste et créative.  C'est un conte cruel où Eastwood, soldat nordiste blessé, joue avec son image de mâle dominant et devient tout autant manipulateur que  victime au sein du pensionnat -sudiste- de jeunes filles qui l'ont recueilli,  le tout sur fond de guerre de sécession dans une atmosphère sudiste poisseuse à souhait.. Mise en scène au cordeau, script impeccable et superbe casting: Les Proies touche au fantastique dans sa lente progression dans l'horreur, ce qui peut finalement sembler logique de la part du réalisateur de L'invasion des profanateurs de sépultures...

 

 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.