V 2009 - Premières impressions : Une vaste blague !

Stéphane Argentin | 6 novembre 2009
Stéphane Argentin | 6 novembre 2009

Il fallait bien que cela arrive un jour ou l'autre, « ils » ont fait un remake de V, la vénérable mini-série de 1983, brillante allégorie (du moins avant les délires scénaristiques autour de l'enfant stellaire) sur la montée du nazisme et la résistance comme chacun sait. Seulement voilà, le 11 septembre est passé par là et bien des choses ont changé dans le monde, et par ricochet à la télévision. Vingt-six ans après les faits, la coque du vaisseau-mère à peine refroidie de son entrée dans l'atmosphère, qu'en est-il de cette novelle mouture des Visiteurs-qui-sont-nos-amis-oui-mais-en-fait-pas-vraiment et que beaucoup outre-Atlantique considèrent comme une allégorie de l'administration Obama ?

 

N'y allons pas par quatre chemins, V version 2009 ne tient pas la route une seule seconde. Que ce soit sur ses seuls mérites ou face à V version 1983, le résultat est tout aussi médiocre. Donc oui, V 2009 est un ratage quasi intégral, et ce ne sont ni les beaux yeux de Morena Baccarin (qui, malgré toute l'affection que l'on pourra avoir pour cette ancienne de Firefly, ira prendre des cours auprès de Jane Badler pour ce qui est de jouer les chefs aliens au regard vénéneux) ni les jolies images de synthèse (qui renvoient certes les matte-paintings de 83 aux oubliettes) qui viendront combler les lacunes de ce pilote.

 


 

Un bon pilote de série télé, c'est 45 ou 90 minutes qui servent, soit à établir un cadre précis (et un motif récurrent) de ce que sera la série (insérez ici le titre de n'importe quel procédural en guise d'exemple), soit à ouvrir des pistes, à tracer des enjeux et à lancer un fil rouge tout en plantant un décor, une ambiance, des personnages (Battlestar Galactica, Firefly), soit les deux (Lost). V 2009 tente maladroitement d'exécuter la deuxième option sur un tempo infernal et dans un délai ridiculement court, et échoue lamentablement à convaincre le téléspectateur avisé que tout ceci n'est pas une vaste blague.

 

Conséquences, l'histoire va à 200 à l'heure, les personnages sont enfermés dans des stéréotypes dont il sera difficile de les extraire, la mise en scène est aussi pataude qu'un éléphant sur des rollers, l'interprétation tangue dangereusement vers les abysses les plus profondes et l'intrigue a la subtilité d'une division de Panzers lancée à pleine vitesse à travers le désert libyen.

 

Compte-tenu de la vaste campagne marketing initiée pour l'occasion (rappelons que l'opération qui consistait à réaliser de gigantesques « V » aériens dans les grandes villes américaines et au coût de toute évidence prohibitif a été annulée au dernier moment) et des attentes élevées placées dans son produit, il est ahurissant qu'ABC n'ai pas accordé aux auteurs le temps de lancer leur petite affaire un peu plus posément via un pilote de 90 minutes. La mini-série originelle était parfaitement dosée dans ce domaine. L'impression de voir ici la même chose, mais en moins bien et en deux fois moins de temps est omniprésente du début à la fin. La crise est à l'évidence passée par là.

 

Pire, la « révélation » sur la véritable nature des Visiteurs, qui constituait un moment phare de l'original, un véritable choc (choc qui vous marque une vie de téléphile - surtout si vous aviez dans les 10 ans comme l'auteur de ces lignes), est aujourd'hui rabaissée au rang de non-événement à peine digne d'intérêt, noyée au milieu du bruit de fond et des parasites narratifs, servie entre la poire et le café.

 

Malgré un beau succès d'audience (14 millions de téléspectateurs, soit le deuxième meilleur series premiere de la saison derrière NCIS : LA - chiffre à mettre pour l'anecdote en regard des 80 millions réalisés par la mini-série en 1983), il est peu probable que V sauce 2009 tienne la distance et ne s'écroule pas comme un château de cartes une fois les 4 premiers épisodes diffusés avant la pause olympique de cet hiver. En attendant la bérézina, on peut (on doit !) retourner voir ce bon vieux Willie se servir un cocktail banane-céleri, Diana se servir un cochon d'inde et Mike Donovan dézinguer du lézard.

 

Frédéric Renault

 

 

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