Critique : Les Risques du métier

Nicolas Thys | 28 décembre 2007
Nicolas Thys | 28 décembre 2007

Pour André Cayatte, à l'origine avocat mais aussi très bon cinéaste injustement laissé de côté de nos jours, Les Risques du métier était l'occasion de renouer avec ses premières amours juridiques. Le thème, assez osé pour l'époque : un instituteur accusé d'actes pédophiles envers quelques élèves, se prête très bien à une situation que le cinéaste maîtrise de bout en bout, filmant à la fois comme un procureur chargé de démêler les fils d'une enquête corsée : une scène préliminaire résume partiellement la situation et se suivront accusations, témoignages, vrais et faux flash-back explicatifs de la part de témoins, de l'inculpé ou de proches, ellipses subtiles semant le trouble, mais aussi comme un très bon conteur d'histoire avec quelques scènes de rêves, discours semi-moralisateurs ou digressions émotionnellement utiles, qui permettent à la fois une implication profonde dans ce qui se joue et une réflexion sur le cas présenté.

En outre, à voir le film aujourd'hui quelques affaires médiatiques récentes reviennent forcément en mémoire et sociologiquement Les Risques du métier est important car il montre à quel point les préjugés se modifient avec le temps pour passer brutalement d'un extrême à l'autre. Dans les années 60, le maire du village mais aussi le père de la première accusatrice le montrent bien : jamais un maître d'école ne serait capable de tels actes, il est donc incriminé à tort car son innocence ne fait aucun doute même lorsque tout l'accuse. On lui proposera même de partir sans dépôt de plainte. Si aujourd'hui un cinéaste refaisait ce film, le maître d'école serait certainement a priori considéré comme coupable et nul n'irait certainement chercher ses explications comme certains ont pu le faire pour Jacques Brel.

Résumé

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commentaires
caton
04/12/2017 à 20:04

Il est vrai qu'aujourd'hui on a tendance à oublier la présomption d'innocence Vous niez donc la présomption Excès autrefois, autre excès aujourd'hui : le balancier de l'histoire.

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