Thomas Gilou et Sara Forestier (Victor)

Lucile Bellan | 6 octobre 2009
Lucile Bellan | 6 octobre 2009
Alors Victor,  de Thomas Gilou avec PIerre Richard, sort ce mercredi dans toutes les salles françaises, le film a déjà eu une vie grâce aux festivals et aux avants-premières. L'équipe du film, réalisateur et acteurs, vont à la rencontre du public, histoire de prendre les paris et de goûter un peu au succès. C'est lors de la projection au Festival du Film francophone d'Angoulême, qu'Ecran Large s'est entretenu avec le réalisateur Thomas Gilou et l'actrice Sara Forestier.

 

THOMAS GILOU

 

C'était la première fois que le film était présenté au public ?

Non, il a déjà été présenté à Strasbourg,  mais sans l'équipe d'acteurs. J'étais tout seul à faire la présentation. Le film a été très bien accueilli. En plus, le film emmène à un moment le public dans un registre plus d'émotion et là où j'ai été étonné, c'est que pendant le débat, les gens sont restés pendant une heure, voire une heure et demi, pour poser des questions de fond sur le sujet. Et à ce moment-là, on voyait bien qu'ils avaient été touchés par le film. Ils avaient rigolé mais aussi étaient aussi touchés.

 

 

 

Est-ce que vous avez tourné Victor parce que c'est un sujet qui vous tient à coeur ou est-ce le coté humoristique que vous avez préféré ? Ou encore le casting ?

C'est un ensemble de choses, mais avant tout, le film est l'adaptation d'un  livre éponyme de Michèle Fitoussi. Donc, déjà, le sujet préexistait, et quand le producteur m'a amené le bouquin, j'ai trouvé qu'il y avait des thématiques qui m'intéressaient, la famille et un petit regard sur le monde. Puis aussi de parler de ce problème de personnes âgées, tout en étant un film de comédie.

 

C'est vrai que le scénario et le film sont assez riches avec un pied dans la comédie et un autre dans le drame social. Un traitement assez rare dans le cinéma français ?

Oui, évidemment la vieillesse n’est pas très « commercial », donc c'est assez dur de parler de ça dans le cinéma français. C'était donc une bonne occasion de parler d'un sujet pas forcément attendu, et c’est ce qui a interpellé le public.

 

Quel effet ça fait de travailler avec un casting aussi complémentaire et transgénérationnel ? De presque avoir pris les meilleurs de chaque génération d'acteurs ?

En même temps, ce n’est pas un casting très attendu. Si on voulait prendre des acteurs bankables, on n’aurait pas pris ceux-là. Il n'y a pas de têtes d'affiche dans mon film. C'est un film plutôt collégial où tous les seconds rôles autour de Victor ont une place importante. Chacun existe, chacun a quelque chose à défendre dans le film. Moi, je ne néglige personne et je m'attache à tous les personnages. Et pour ça, j'avais besoin de bons acteurs, je crois que pour ça, j'ai une belle brochette.

 

 

 

Concernant l'adaptation du livre, s’agit-il d'une adaptation littérale ou alors est-ce qu'il y a eu beaucoup de retouches ?

Non, ce n'est pas une adaptation littérale. Il y avait en germe dans le livre un potentiel de séquences d'humour et en même temps, on a fait un gros travail d'adaptation. Surtout par Liza Azuelos, et ensuite par moi.

 

Par exemple sur la relation de couple, c'est assez étrange le regard posé sur l'adultère et la réaction du mari cocu en définitive...

En fait, il a la grandeur de s'apercevoir que Victor l'a aidé, dans sa manière de penser, dans sa famille, dans sa vie et il le remercie pour ça. Il y a des couples qui ont d'autres solutions, par exemple des petits couples pépères qui vont aller du jour au lendemain dans des boîtes échangistes pour donner du piment à sa vie et dont le mari va assister aux ébats de sa femme. C'est des choses qui arrivent réellement. C'est donc un traitement réaliste mais pas attendu. Mais c'est une réaction humaine, c'est juste humainement. Si il aime sa femme, il comprend et il reste.

 

C'est une belle morale mais même l'amant n'est pas traité de façon antipathique. Il n'y a pas de personnage foncièrement antipathique dans le film.

Non, j'aime tous mes personnages. Je voulais juste qu'ils soient touchants et humains.

 

 

 

Vous n’avez pas l'air de vouloir qu'on dise que Victor est une comédie, comment le définiriez-vous alors ?

C'est un film tendre. C'est une comédie mais ce n'est pas qu'une comédie. C'est touchant, réflexif sans se prendre la tête…

 

Et finir le film sur un clin d'oeil, vous ne pensez pas que ça peut minimiser le propos du film ?

Non, je pense qu'il faut finir sur du positif. Il faut faire attention, parce qu'on peut vite tomber dans le pathos ou dans la prise de tête, or, ce n’était pas mon propos.

 

Comment avez-vous pensé à Pierre Richard pour ce rôle ?

A l'origine, le rôle n'est pas spécialement écrit pour lui. Mais quand il a fallu préparer mon casting, j'ai quand même tout de suite pensé à lui. J'avais envie de travailler avec lui de toute façon. C'est quelqu'un qui n'est pas compliqué à aborder.

 

 

Le film semble destiné au succès. Qu'en pensez-vous ?

Vous savez, un film, c'est fragile. Malgré le nombre de bons ingrédients, un bon casting, etc… on redoute quand même la grippe.

 

Vos projets ?

J'ai des idées, et puis j'ai déjà en prévision La vérité si je mens 3. C'est donc probablement l'aventure de l'année prochaine.

 

 

 

SARA FORESTIER

 

C'est un rôle un peu à contre-pied par rapport à vos précédents rôles, c'est un choix volontaire ?

J'ai surtout été séduite par le film,  c'est toujours ce qui est important pour moi. Quand je lis un scénario, c'est l'histoire qui est le plus important. Et puis l'idée de travailler avec Lambert Wilson, Pierre Richard... et j'adore les films de Thomas Gilou. Le rôle m'intriguait aussi, je me demandais ce que ça faisait de jouer une fille fraîche qui vient de province et qui découvre Paris. Elle est dans la naïveté tout en restant sympathique et touchante. C'était un challenge parce que ce n'est pas forcément évident les personnages naïfs. Alice est très entière, et suit son raisonnement de façon intègre. Il est toujours intéressant de jouer des personnages habités par leurs convictions.

 

Quel est votre avis sur la question de la vieillesse, et de l'adoption de Victor ?

Moi, ce que je trouve génial, c'est d'essayer d'aider un mec en situation précaire en le faisant adopter par une famille par l'intermédiaire d'un magazine people. Elle essaye de faire entrer un peu d'humanité dans le milieu de la peopolisation. Et comme petit à petit, il devient une star, les rapports changent et ne sont pas aussi simples que ce qu'elle pensait. Donc elle se retrouve prise à son propre piège, soumise à des contraintes économiques, rédactionnelles. Ce pitch de départ est intéressant, car il permet de voir comment aujourd'hui deux personnes profondément humaines sont transformées en stars et vite déshumanisées, alors que ce qu'on aime chez eux, c'est leur humanité.

 

Vous avez réalisé récemment un moyen métrage. Vous pensez quitter votre métier de comédienne pour la réalisation ? Ou jouer dans vos réalisations ?

Je ne laisserais jamais tomber le métier de comédienne. J'aime trop ça, j'en ai besoin. Mais l'idée est de se rapprocher de plus en plus de la réalisation, et de mon premier long métrage. Si ça se passe bien, l'année prochaine, on le tourne. Pour moi, ce sont deux métiers complémentaires qui s'enrichissent tellement. Par contre, j'ai pas l'intention de jouer dans mes films. L'alternance est très saine. C'est comme passer du cinéma au théâtre pour moi. Il y a quelque chose de sain, de varié, qui permet de se renouveler.

 

 

Il y a des sujets qui vous tiennent à cœur dans la réalisation ?

J'ai pas envie de parler du long avant de l'avoir fait. Par contre, j'ai remarqué que je n'arrivais pas à écrire et faire des courts métrages si ce n'était pas drôle. J'ai besoin de l'humour. J'ai une pudeur comme ça, je n'arrive pas à appréhender les choses au premier degré. Mon univers est tragi-comique. Je suis très attirée par le burlesque aussi.

 

 

 

C'est vrai que ce serait une façon pour le public de découvrir une autre facette de vous. Vous avez une certaine image qui vous colle à la peau, je pense à L'Esquive en particulier...

Mais, ce sont les médias qui me collent cette image. Mais ce n'est pas grave, c'est super, c'est un beau souvenir. J'ai eu beaucoup de chance en tant que comédienne, j'ai tourné avec Polanski, Resnais, avec des genres tellement différents. J'ai fait un film d'époque, j'ai fait une prostituée pour Bertrand Blier, Hell pour Bruno Chiche. J'ai de la chance. Je n'ai pas été cantonnée à un rôle, on m'a proposé tout de suite d'autres choses. Je pense que je dois remercier les gens.

 

Et vos prochains projets en tant que comédienne ?

 

Je fais France Gall dans le film sur Gainsbourg qui sort en janvier. Je tourne aussi un film avec Jacques Gamblin, une comédie de Michel Leclerc. J'ai une année variée et je vais essayer de faire les choses le mieux possible, avec passion.

 

Propos recueillis par Lucile Bellan

 

Merci à l'équipe du Festival du Film francophone d'Angoulême

 

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