Nos films de vampires favoris

Jean-Noël Nicolau | 28 septembre 2009
Jean-Noël Nicolau | 28 septembre 2009

Thème fantastique le plus populaire de l'histoire du cinéma, le vampirisme n'est jamais passé de mode. De la naissance du 7e art, avec des classiques tels que Nosferatu ou Dracula de Browning, le seigneur (ou saigneur) des ténèbres a fasciné des générations de réalisateurs, d'acteurs et de spectateurs. Bien avant Twilight, True blood ou Thirst, les auteurs se sont penchés sur toutes les approches possibles du mythe. Drôle ou terrifiant, sexy ou déviant, voici les monstres sélectionnés par la rédaction d'Ecran Large.

 

Patrick Antona

Vampire, vous avez dit vampire ? de Tom Holland

Prototype parfait du film de série B à la fois respectueux du genre et gentiment irrévérencieux, Fright Night (titre VO de Vampire, vous avez dit Vampire ?) avait été en son temps (les glorieuses années 80) une agréable surprise. Mixant allègrement les codes de la comédie de teenagers avec les cannons imposés du film de vampire, le film de Tom Holland prend son temps pour faire lentement monter la sauce. De l'arrivée d'un intrigant nouveau venu  dans une banlieue américaine typique qui fera basculer son voisinage dans une paranoïa des plus aiguë (vampire ? pas vampire ?), des premiers moments du suspens, jusqu'à un final spectaculaire et grand-guignolesque du meilleur effet. Fright Night remplit allègrement son objectif de divertissement horrifique proche du cartoon live, dont une des principales qualités demeure l'interprétation de ses comédiens. On oubliera pas de sitôt le look charismatique de Chris Sarandon en dandy suceur de sang  et surtout Roddy McDowall en chasseur de vampire malgré lui, qui réussit à rendre hommage à la fois à Peter Cushing et Vincent Price. Vive les années 80 !

 

 
 

Lucile Bellan

Morse  de Thomas Alfredson

Loin de l'univers gothique homo érotique d'Anne Rice, encore plus loin du charme désuet de Coppola et à des années lumières des atermoiements adolescents de Twilight, Morse (Let the right one in) se démarque. Beau, sobre, froid à l'extérieur, passionné et bouillonnant à l'intérieur, Morse est une chronique vampirique qui emmène les spectateurs dans un univers inédit aussi mystérieux qu'envoûtant... Le vampire nouveau est arrivé.

 


 

Flavien Bellevue

Dracula de Tod Browning

Après avoir abordé le personnage du vampire dans London after Midnight (1927) avec Lon Chaney, le futur réalisateur de Freaks Tod Browning offre le second vampire marquant de l'histoire du cinéma avec Dracula. Le jeu de l'acteur Bela Lugosi et son accent hongrois comptent beaucoup dans le succès du film que l'on regarde aujourd'hui légèrement avec le sourire.

 

 

 

Ilan Ferry

Entretien avec un vampire de Neil Jordan

Non content de redynamiser le mythe du vampire dandy et romantique, Neil Jordan en bon esthète qu'il est, confère à cet entretien pas comme les autres toute l'ampleur qu'il mérite via une direction artistique à tomber sublimée par l'excellente partition d'Elliot Goldenthal. Niveau casting,  Tom Cruise campe un Lestat ambigu à souhait offrant par la même l'une de ses performances les plus mémorables. Salopard délicieusement séduisant et pervers, il arrive même à piquer la vedette à un Brad Pitt pourtant très bon. Certes, l'approche d'Anne Rice peut paraître aujourd'hui datée, elle n'en demeure pas moins plus fiévreuse et nettement moins faux cul que Twilight.

 


 

Julien Foussereau

Nosferatu de Murnau

Inutile de tergiverser, Nosferatu, une symphonie de l'horreur par Murnau est LE film ultime de vampire parce qu'il a projeté sur un écran le mythe pour ce qu'il est réellement : un prédateur, malade, condamné par sa condition, à aspirer la vie d'autrui pour subsister. Sans fioriture. Sans romantisme non plus. À l'instar du roman de Stoker dont il est une adaptation clandestine, le comte Orlock est une métaphore idéale de n'importe quel monstre à visage humain. Et sa mise en scène très avant-gardiste véhicule une imagerie cauchemardesque si forte qu'elle le rend immortel.

 

 

 

Sandy Gillet

Aux frontières de l'aube de Kathryn Bigelow

Avec Near Dark le genre avait enfin trouvé son second souffle. Lui qui s'abîmait doucement entre pastiche désopilant (Le bal des vampires) et hommage sans génie (Dracula de sieur Badham), le film de Bigelow arrivait à point nommé pour recentrer les débats vers la seule chose essentielle : la quête du sang qui avec le recul peut aussi se voir comme une caisse de résonance tragique d'une décennie qui vit l'arrivée du SIDA. Aujourd'hui encore Near Dark reste un sujet d'inspiration inépuisable. Voir en effet comment la série True Blood y puise son canevas et ses codes...

 

 

Vincent Julé

Une nuit en enfer de Robert Rodriguez

Ah oui, donc, des vampires, comme ça, en plein milieu du film, dans ce bar de routiers mexicains ?! Quelle idée géniale, aussi surprenante que jouissive, ont eu Quentin Tarantino et Robert Rodriguez. Dix ans avant Grindhouse, ils dynamitent leur genre de prédilection, le polar, et rendent un sacré hommage au cinéma de genre. Salma Hayek et son gros serpent en Satanico Pandemonium, Tom Savini en Sex Machine, George Clooney qui n'a jamais été aussi charismatique, Quentin Tarantino qui n'en finit plus de l'ouvrir ou encore Danny Trejo en barman... le film abat un putain de casting de gueules et enchaîne les morceaux de bravoure gore. Les vampires n'ont peut-être jamais été aussi fun !

 

 

 

Thomas Messias

The Addiction de Abel Ferrara


Moins film de vampires que film sur le vampirisme, The Addiction est un chef-d'oeuvre malheureusement méconnu, émanant d'un Abel Ferrara souvent maltraité par les distributeurs. Balayant d'un revers de la main tout le folklore inhérent à l'univers des suceurs de sang, Ferrara réduit le vampire à sa plus simple expression, le dépeignant par une analogie évidente mais puissante comme un pur drogué ne vivant qu'au rythme de sa dépendance (d'où le titre). Débarrassé de l'obligation de ne montrer que la nuit (l'héroïne, jouée par une brillante Lili Taylor, n'est pas sensible à la lumière du jour), il fait de la vie de vampire un purgatoire permanent, où seule compte la quête de la prochaine dose. Un noir et blanc épais offre au film une densité tragique supplémentaire qui le rend inoubliable.

 

 

 

Jean-Noël Nicolau

Le Cauchemar de Dracula de Terence Fisher

La plus fidèlement infidèle des adaptations du roman fondateur de Bram Stoker, Le Cauchemar de Dracula est un monument du 7e art pour de multiples raisons. Perle du studio Hammer, tour de force visuel signé Fisher, le film est avant tout inoubliable grâce aux performances magnétiques du duo Peter Cushing / Christopher Lee. Dans le rôle du comte sanguinaire, Lee incarne LE vampire le plus parfait et terrifiant de l'histoire du cinéma. Erotique, animal, sans pitié, le saigneur est une menace aussi séduisante qu'absolument maléfique. La brutalité du film, son ambiance angoissante, sa beauté onirique en font l'un des plus grands chefs-d'oeuvre du genre. Si ce n'est le plus grand. Et ce ne sont pas toutes les relectures modernes, plus fleurs bleues, plus explicites ou plus complexes qui peuvent lui faire de l'ombre. 

 


 

Laurent Pécha

Vampires de John Carpenter

Les meilleurs ayant été pris (la règle à Ecran Large pour ce genre de top est la suivante : le premier qui répond, garde la paternité d'écrire sur le film sélectionné), mon choix se porte sur le Vampires de John Carpenter. Il y a des seconds choix nettement plus douloureux que celui-ci tant Vampires séduit par son côté western burné et la prestation haute en couleurs de James Woods. Irrévérencieux au possible (l'Eglise en prend pour son grade), macho et brutal (Sheryl Lee en souffre-douleur), le comédien campe un anti-héros jubilatoire comme Carpenter les aime. Beaucoup trop sous-estimé dans la carrière du cinéaste, Vampires mérite bien un sacré coup de projecteur, le film ayant pris de la bouteille comme souvent chez Carpenter. Etre en retard peut donc avoir du bon parfois !

 

 

 

Didier Verdurand

Le Bal des vampires de Roman Polanski

Rarement un film n'a aussi bien trouvé l'équilibre entre l'épouvante et l'humour, exercice ô combien casse-gueule. La scène du bal est d'anthologie (dans l'Histoire du cinéma, seul le bal de la Porte du paradis peut rivaliser !) et on ne peut qu'applaudir la virtuosité de Polanski, cinéaste génial à l'époque. Un chef d'oeuvre, tout simplement.

 

 
 
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