Critique : Faisons un rêve

Nicolas Thys | 3 décembre 2007
Nicolas Thys | 3 décembre 2007

On a souvent reproché à Guitry sa théâtralité excessive, ou encore de préférer le théâtre filmé au cinéma, et Faisons un rêve est peut-être l'un des films auquel pourrait s'appliquer cette fausse critique : des décors minimalistes et quasi uniques, peu de personnages, peu de plans et des mots aussi nombreux qu'irrésistibles. Mais à y regarder de plus près, l'adaptation sur grand écran de cette pièce de boulevard, l'un des sommets comiques de son auteur, est plus cinématographique qu'un grand nombre de films.

Si l'on ôte le dialogue du premier acte un peu long et monotone, comparé à ce qui suivra, entre un Raimu pressé de retrouver sa maîtresse et une Jacqueline Delubac pressée de faire de Sacha Guitry son amant, l'ensemble est excellent. Bien sûr Guitry fait un film d'acteurs et l'ouverture le rappelle où un panel des plus importants comédiens de l'époque se régale en lançant quelques unes des maximes qui ont fait la célébrité du cinéaste mais les très longs plans zigzagant entre les invités démontrent également sa parfaite maîtrise technique à une époque où le matériel était plutôt délicat à manipuler.

La seconde partie est extraordinaire qui offre le cinéaste attendant sa demoiselle et tentant de l'avoir au téléphone, avec un Guitry créateur de suspense et jouant de tous les codes narratifs donnant à imaginer le chemin parcouru par la belle jusqu'à sa porte. Le téléphone fait également office de transition entre deux univers permettant au cinéaste de jouer sur le hors-champ comme rarement. Enfin quelques mouvements panoramiques assez rapides montrent l'existence d'un quatrième mur, rappelant par conséquent que le théâtre est loin et que le cinéma était bel et bien au centre des pensées créatrices du réalisateur.

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