Invasion : Critique

Sandy Gillet | 17 octobre 2007
Sandy Gillet | 17 octobre 2007

À vrai dire on s'en doutait un peu. 

Difficile en effet d'espérer grand-chose d'un film dont on ne sait plus très bien s'il est signé Oliver Hirschbiegel (La chute) ou James McTeigue réalisateur de V pour vendetta embauché donc semble-t'il par un Joel Silver mécontent du premier montage. Et au vu du résultat final deux réactions sont possibles qui oscilleraient entre un « la vache ! La première version devait être vraiment à c*** » et un « pitié, pourquoi tant de haine à l'égard de nos petits yeux innocents qui au passage et juste pour le fun visionneraient bien le premier montage si décrié ».

 

 

Dans tous les cas Invasion tel qu'il est exploité en salle aujourd'hui reste donc tout sauf regardable ou alors façon journaliste fayot qui durant tout le film va prendre des notes nanti de sa petite lampe stylo (on ne sait jamais au cas où l'attaché de presse ramasserait les copies à l'issue de la projection). Mais même ainsi il sera difficile de ne pas décrocher devant les mimiques outrées de Kidman en mère poule improbable essayant de ne pas se perdre dans les yeux bleus inexpressifs d'un Daniel Craig qui, au passage, ne se savait pas encore James Bond au moment du tournage. Il sera aussi impossible de passer l'éponge devant le gâchis d'un scénar qui se veut la quatrième adaptation pour le cinéma du livre de Jack Finney The Body Snatchers.

 

 

Placé sous l'angle d'une épidémie extra-terrestre qui débarrasserait l'homme de ses oripeaux humains (haine, amour, joie, tristesse...) pour le transformer en une sorte de surhomme (thématique au demeurant chère à Hirschbiegel), Invasion avait le potentiel sur le papier d'enrichir et de moderniser le discours initial de Finney qui écrivit son histoire en pleine guerre froide. À l'arrivée le film de Hirschbiegel accumule tous les poncifs du genre alourdis encore par des incohérences de montage criant où sauts temporels et géographiques viennent concurrencer faux raccords et dialogues d'une rare pauvreté.

 

 

Il y a juste à espérer que cette parodie de cinéma où surnagent une ou deux bonnes idées (les infos cathodiques en off annônant la réconciliation mondiale entre les peuples) donnera envie aux jeunes générations d'aller découvrir les trois précédentes versions et d'apprécier ainsi le sens de la mise en scène d'un Abel Ferrara pourtant lui aussi aux prises avec les costars cravates de chez Warner Bros (Body Snatchers). Ou celle d'un Philip Kaufman qui lui avait su parfaitement capter l'ambiance oppressante et agoraphobe que peut dégager une grande ville (L'invasion des profanateurs).

 

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