The Passion of Tom Cruise - 2nde partie

Julien Foussereau | 1 mars 2009
Julien Foussereau | 1 mars 2009

(suite de The Passion of Tom Cruise)

Faut-il parier sur la résurrection de Tom Cruise ? Pas si sûr.
Peu après la décision de Grey et Redstone, Paula Wagner fait part de son intention de refondre  Cruise / Wagner avec la défunte United Artists de Chaplin afin de la transformer en maison indépendante. Elle tablerait sur un financement de 100 millions de dollars par an, avec la possibilité d'atteindre les 300 en cas de projet colossal. Non pas que l'on doute du sens des affaires de Mme Wagner, ni de la véracité de ses propos, mais les choses risqueraient bien de changer.

Tout d'abord, les termes du contrat placent la barre très haut : un déblocage de 500 millions de dollars pour la paire Cruise / Wagner avec la banque d'affaire Merrill Lynch pour produire 15 à 18 films sur cinq ans ! Le premier de la série sera Lions et Agneaux, le grand retour de Robert Redford derrière la caméra depuis sept ans et de Tommy depuis sa brutale éjection de Paramount. À grands renforts de tambours et trompettes, le vieux sage lifté et le roi d'Hollywood ont l'intention d'effectuer le come-back du 21eme siècle avec un film prétendument engagé...  qui se révèle guère engageant au final. Étrillé par la critique, massacré au box-office (40% du budget remboursé seulement), Lions et Agneaux devient officiellement le premier vrai four avec Tom Cruise en tête d'affiche. Cet échec n'est pas sans explications car, pour la première fois, Tom Cruise n'a plus derrière lui un public inconditionnel prêt à passer l'éponge sur ses frasques. Une récente étude tend même à montrer que les Cruise-haters sont en constante augmentation (moins de 40% d'opinions favorables selon USA Today / Gallup).

 


 

Les professionnels admettent que la marge de manoeuvre pour l'acteur est étroite. Tous s'accordent à dire qu'une photo de papa Cruise et maman Holmes avec la petite Suri, négociée à prix d'or pour des bonnes oeuvres (non scientologues de préférence) est un bon début mais ce n'est qu'une accalmie face au pataquès médiatique que va représenter le bourbier Walkyrie.

Au commencement, une idée noble : parler de la résistance allemande avec le projet d'assassinat de Hitler par des généraux de la Wermacht et de sa figure tragique Claus von Stauffenberg, héros de guerre mutilé et borgne. L'équipe est solide, Bryan Singer et Cruise sont déterminés à tourner les scènes-clés en Allemagne... une Allemagne très hostile à la Scientologie depuis plusieurs années et qui le lui fait savoir par voie de presse. Le porte-parole du ministre allemand de l'intérieur n'y va pas par quatre chemins : « Avec son passif de scientologue, Tom Cruise n'est pas la bonne personne pour Stauffenberg » quand un représentant de l'Eglise Protestante d'Allemagne n'hésite pas à le comparer à Goebbels, le ministre de la propagande du IIIeme Reich. Le fils de Stauffenberg en personne fait part de son mécontentement à l'idée que son père soit interprété par «... un activiste scientologue notoire. » Pendant ce temps, la production prend énormément de retard (des négatifs de scènes entières sont détruits suite à une erreur de traitement, conduisant automatiquement à des reshoots, des cascadeurs se blessent grièvement, etc.). Le film voit sa sortie repoussée à deux reprises et on parle de premiers rushes inquiétants...

 


 

Finalement le film n'est pas la catastrophe annoncée, ni le carton espéré qui replacerait Tommy sur le devant de la scène. Walkyrie apparaît juste comme un petit film bien fichu mais peu mémorable. À tel point que l'on se souvient davantage de son caméo outrancier dans Tonnerre sous les tropiques. Malgré cela, le rachat de conduite transparaît trop pour être honnête. Et surtout, les « affaires » de Scientologie ne le lâchent plus entre une bio non autorisée avançant qu'il serait le n°2 de la secte et la pathétique vidéo interne au mouvement, balancée sur le Net et montrant la star sous un jour peu amène. Surtout, même la chance du business ne lui sourit plus : Paula Wagner jette l'éponge et lâche son associé de longue date devant les performances moyennes au mieux, minables au pire, des films United Artists. Et Merrill Lynch, l'un de leurs trésoriers, est parmi les premiers à être frappé de plein fouet par ce que l'on appellera la crise des subprimes. Cette avalanche de déconvenues tend à confirmer que le deal de 15 films sur cinq ans ne pourra être honoré.

Il transparait également une chose certaine : les plus beaux jours du Cruiser sont derrière lui. Autrefois roi incontesté de ce miroir aux alouettes qu'est Hollywood, Tommy a vu sa réputation et sa renommée ternies par une série de choix et de déclarations contestables. Aux jours d'aujourd'hui, on s'intéresse moins à lui qu'à la dernière photo de sa fille dans les bras de sa femme potiche. À l'instar de Bruce Willis, Cruise fait désormais plus parler de lui dans la rubrique people avec les menaces de morts physiques nécessitant la protection du FBI, et les risques de mort cérébrale à trop fréquenter David et Victoria Beckham ! Avec l'aventure United Artists partant à vau-l'eau, la situation de Cruise s'est fragilisée comme jamais et un puissant intouchable comme Spielberg n'est pas près de lui pardonner le tournage et la promo de La Guerre des mondes sous influence scientologue. On doute réellement qu'il retrouve son aura et son influence d'alors.

Toutefois, on ne s'inquiètera pas pour ses finances, ni pour son temps d'apparition à l'écran (après tout, si un branlotin comme Freddie Prinze Jr. réussit à survivre, pourquoi pas lui ?). Une carrière d'acteur de vidéos internes à la Sciento' peut toujours s'offrir à lui. Si cette dernière décidait d'ouvrir un programme d'aide à la l'enfance maltraitée, on ne saurait trop lui recommander de faire équipe avec Michael Jackson (après avoir préalablement éloigné Suri...), grand ami des enfants et presqu'un mentor pour  Tommy en termes de disgrâce affective et médiatique !

 

 

Les déclarations :

Tom Cruise, à MSNBC :
J'ai toujours été en désaccord avec la psychiatrie. Avant même d'être scientologue, j'étais en désaccord avec la psychiatrie. Et quand j'ai commencé à étudier l'histoire de la psychiatrie, j'ai compris de mieux en mieux pourquoi je ne croyais pas en la psychologie. Je sais que la psychiatrie est une pseudo-science.
Voila le problème. Vous ne connaissez pas l'histoire de la psychiatrie. Moi oui. Tout ce que cela fait (les anti-dépresseurs), c'est masquer le problème. Le déséquilibre chimique, ça n'existe pas. Il y a des moyens, prendre des vitamines, faire de l'exercice, et différentes choses... Les médicaments ne sont pas la réponse... (à propos de Brooke Shields qui suivait un traitement après son premier accouchement) Ce que je dis sur Brooke est qu'il y a mauvaise information, elle ne comprend pas l'histoire de la psychiatrie, de la même manière que vous ne la comprenez pas non plus, Matt (le journaliste). Je pense que Brooke Shields est une femme incroyablement talentueuse. Mais où en est sa carrière ?

Brooke Shields, au New York Times :
Ses commentaires sont dangereux. Il devrait s'en tenir à sauver le monde des extraterrestres. Suggérer que j'avais tort de prendre des médicaments pour soigner ma dépression et qu'à la place j'aurais dû prendre des vitamines et faire du sport révèle une grande méconnaissance de la dépression post-partum et de l'accouchement en général. Je me suis sentie obligée de réagir (aux propos de Tom Cruise) non seulement pour moi mais aussi au nom des centaines de milliers de femmes qui souffrent de dépression post-partum. Si toutefois les déclarations ridicules de M. Cruise peuvent servir à quelque chose, souhaitons qu'elles puissent aider les gens à mieux prendre conscience de cette maladie grave.

Katie Holmes, source inconnue :
Tom Cruise is great !

Penélope Cruz, à la Première de Volver à Londres :
J'ai vu Suri. Elle est très belle. Elle est vraiment spéciale, c'est l'un des plus beaux bébés qu'il m'ait été donné de voir. (La galerie, à laquelle vous pouvez accéder en cliquant sur la photo ci-dessous, est aussi plus intéressante)


Penélope, officiellement petite amie de Tom pendant 3 ans. Et officieusement ?

Sumner Redstone (Président de Viacom / Paramount Pictures), au Wall Street Journal :
Cela n'a rien à voir avec ses talents d'acteur. C'est un acteur fantastique. Nous ne pensons pas que quelqu'un qui effectue un suicide professionnel et fait perdre de l'argent à l'entreprise ait sa place chez nous. (...) La façon dont il s'est récemment conduit n'est pas acceptable pour Paramount.

Paula Wagner (Associée de Tom Cruise), à Extra, une filiale de Warner :
Les remarques que peut formuler M. Redstone au sujet de Tom Cruise en tant que personne ou acteur sont sans rapport avec cette question professionnelle. Je ne comprends pas pourquoi cette affaire se transforme en attaque personnelle. Parce que c'en est une. (...) Le studio doit avoir d'autres motifs en tête pour critiquer de cette manière l'un de ses principaux atouts. (...) En fait, nous avions déjà pris la décision de ne pas continuer notre partenariat avec Paramount Pictures.

Celle-la, elle est vraiment bonne !

 


 

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