Pascal Elbé (L'Emmerdeur)

Didier Verdurand | 8 décembre 2008
Didier Verdurand | 8 décembre 2008
Parce qu’il répond tout le temps NON, vous pourriez croire que Pascal Elbé est un emmerdeur avec les journalistes. Pourtant, il faut bien avouer que c’est tout le contraire. Doué pour jouer la comédie mais aussi pour l’écriture, intelligent, modeste, charismatique, drôle avec les potes, romantique avec les filles, Pascal Elbé a tout pour lui. Alors ce qui nous a emmerdé, c’est d’avoir seulement quinze minutes d’entretien avec un des types les plus intéressants du cinéma français. Compte-rendu détaillé.

 

Bonjour.

Bonjour, je peux aller aller pisser ?

 

Heu... Bien sûr !

(6 minutes plus tard)

Ca vous emmerde, la promo ?

Oui. Et non. Oui parce que ce sont souvent les mêmes questions qui reviennent mais honnêtement, j’ai suffisamment d’éducation pour comprendre que c’est normal et j’arrive à me forcer pour y trouver un quelconque intérêt. Non, parce que nous sommes très gâtés de faire ce métier et il ne faut pas cracher dans la soupe. On ne choisit pas d’être comédien que pour soi, c’est aussi pour les autres donc il faut savoir partager. Ce que je préfère dans la promo, c’est la rencontre avec le public en province. Il est indispensable de ne pas se couper du public qui décide si on peut continuer ou non. Ensuite, les producteurs suivent et c’est dans cet ordre que ça marche, il ne faut pas l’oublier. Donc la promo a ses contraintes, ce n’est pas passionnant de faire des émissions télé qui n’ont aucune saveur, mais elle est nécessaire et il faut jouer le jeu, par respect.

 

Vous êtes à l’affiche dans 6 films en 2008. Ca vous emmerdait de voir Clovis Cornillac tourner plus que vous ?

Non, c’est le hasard ! Et puis il y a des participations dans le lot… Tant mieux, on a le vent en poupe. Mais c’est un métier très versatile, il faut savoir dire non. Je laisse en général mon plaisir me guider mais c’est un jeu dangereux. Si les gens vous voient trop, ils peuvent commencer à en avoir ras le bol. Je vais donc me faire plus rare, mais aussi par envie de faire autre chose. Je vais mettre le clown au vestiaire.

 

Ca vous a emmerdé de bosser avec Francis Veber, connu pour faire de nombreuses prises ?

Non. Je suis monté à 35 prises lors d’une scène où j’étais au téléphone. Je n’étais pas en forme ce jour-là, et les scènes au téléphone sont les plus dures car personne ne joue au bout du fil. Cela dit, l’exigence ne m’emmerde pas du tout, au contraire. Et encore moins dans le genre le plus difficile qui soit, la comédie. Il arrivait à Chaplin de monter jusqu’à 100 prises ! Avec Francis, on ne rigole pas toujours, on mouille sa chemise et on rentre le soir épuisé chez soi, mais un comédien n’est jamais le même après avoir tourné avec Francis. Il est meilleur. Je le pense sincèrement.

 

Alors vous l’aurez peut-être un jour, votre César ! Ca vous emmerde d’être passé si près de la statuette en 2004, pour Père et fils ?

Mais non ! J’aurais été très content de l’avoir, d’accord, mais c’est déjà fantastique d’être nominé, de voir que votre travail a été remarqué. En France nous aimons beaucoup les médailles en chocolat mais je ne veux pas me pourrir la vie parce que je l’ai raté, sûrement pas ! (rires) Ceux qui ont eu des César ne sont pas forcément ceux qui ont eu la plus belle carrière... Donc il faut en profiter sur le moment, ne pas bouder son plaisir, mais du calme, tu n’es pas chaque année le meilleur acteur !

 

Avez-vous déjà refusé des rôles, et ça vous a bien emmerdé après coup ?

Non… (hésitant) Par respect pour les comédiens finalement choisis, je ne dirai pas quels rôles j’ai refusé mais je n’ai jamais été dans le regret d’un refus. En général, c’est l’opposé, je suis plutôt soulagé d’avoir refusé de faire certains films ! Une fois quand même,  ça m’est arrivé mais c’était à cause de mon planning.

 

Ca vous emmerderait de faire un portrait chinois ?

Non !

 

Si vous étiez une couleur ?

Bleu.

 

Si vous étiez un animal ?

Un lion, comme mon fils.

 

Une voiture ?

Une jaguar.

 

Une boisson ?

Une caïpirihna.

 

Un roman ?

Mon chien stupide, de John Fante.

Une marque ?

Une marque du commerce équitable, donc sans marque.

 

Un homme politique ?

Obama, sans hésiter. Il a la cote, en ce moment !

 

Vous aussi, d’ailleurs. Quand j’ai dit à mes copines que je vous rencontrais, elles sont rentrées en transe.

Ah, c’est bien ! Très bien !

 

Une chanson ?

Sitting on the dock of the bay, d’Otis Reding.

 

Un film ?

Il était une fois en Amérique, de Sergio Leone.

 

Heureusement que ce n’est pas là que vous m’avez répondu Jaguar ! Une série télé ?

Amicalement vôtre, pour le générique surtout.

 

Un acteur ?

Jack Lemmon, dans The Apartment.

 

Une actrice ?

Geena Rowlands, dans Gloria.

 

Un rôle ?

Celui de Joe Pesci dans Les Affranchis.

 

Une phrase dans un film ?

Il y en a tellement dans Les Tontons flingueurs… Non, tiens je vais prendre la dernière phrase de Certains l’aiment chaud. La phrase que tous les scénaristes rêvent de trouver pour conclure une histoire. Nobody’s perfect.

 

Si vous aviez un vrai métier ?

Architecte.

 

Un pouvoir magique ?

Invisible.


Un numéro de téléphone ?

Le 15, pour aider les gens. C’est ça pour le SAMU, les pompiers, hein ?

 

Heu, oui. (Après vérification, 15 pour le SAMU, 18 pour les pompiers) Si vous aviez le choix ?

De ne plus jamais l’avoir pour ne plus me poser de questions.

 

L’épitaphe que vous aimeriez voir sur votre tombe ?

Ici vivait un con. Qui était non seulement grand mais qui était très con. (Rires)

 

Bon, on dirait que je vous emmerde alors on va arrêter là.

 

Propos recueillis par Didier Verdurand.

Pascal Elbé est à l'affiche de L'Emmerdeur, de Francis Veber.
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