Transformers : critique massive

Jean-Noël Nicolau | 20 février 2008
Jean-Noël Nicolau | 20 février 2008

Rien n’est plus simple que d’apprécier Transformers : c’est un énorme blockbuster délivré par le maître de l’exagération cinématographique et produit par le plus génial entertainer du Hollywood contemporain. Des robots géants transformables se mettent sur la gueule entre deux scènes de comédie potache, mais que demander de plus ? Pour ces mêmes raisons, Transformers peut être tout aussi difficile à aimer et à défendre. Chaque argument en faveur du film pourra être retenu contre lui. Plus encore que d’autres œuvres « polémiques », les qualités du dernier monstre de Michael Bay sont si proches du spectacle primitif qu’elles en rebuteront plus d’un.

Depuis des mois on nous promet une déferlante visuelle et sonore sans précédent, du bourrinage pur jus entre robots énervés. Le scénario ne va pas beaucoup plus loin que cela, tout le reste étant totalement accessoire, en particulier les maigres efforts de caractérisation : Shia LaBeouf est drôle, Megan Fox est bonne et pour les autres les archétypes sont encore plus grossiers (le militaire, le militaire black, le militaire latino, le geek, la scientifique blonde, etc…). Il ne faut pas croire que les robots soient beaucoup plus développés, à part Bumblebee, Optimus Prime et Frenzy, ils ne sont réduits qu’à une simple présence visuelle pas toujours bien définie (les Autobots et les Decepticons sont interchangeables, au point qu’on ne sait plus qui est qui dans le combat final). Mais on vous le répète, l’histoire importe peu, du moment qu’elle permet aux scènes de s’enchaîner.

 

 

A ce niveau, l’association Bay/Spielberg est bénéfique aux deux tendances, l’un appuyant sur l’accélérateur là où l’autre aura freiné et réciproquement. On échappe donc à la fois à la beaufitude du papa de Bad boys comme aux élans familiaux de celui d’E.T., en ce sens, Transformers réussit l’exploit d’être tout public sans jamais être frustrant. Pour sûr, il y a de la grosse comédie à foison, et contre toute attente elle s’avère fréquemment amusante et sauve de l’ennui beaucoup de passages obligés. Quand Frenzy s’offre son remake de Gremlins à bord de l’Air Force One ou quand Bumblebee parodie à lui seul la filmographie de Bay, on ne peut se retenir de sourire.

 

 

Un plaisir enfantin décuplé lorsque surgissent les scènes d’action, ou plutôt de destructions massives. Transformers tient ses promesses, si basiques et pourtant loin d’être évidentes, il suffit de se souvenir de la déception provoquée par de nombreuses suites loin d’être à la hauteur de leurs prétentions. Ici il s’agit de décoller la rétine, de bousculer les tympans et de reproduire gaillardement les séquelles des montagnes russes. Les spectateurs ayant souffert devant Bad boys 2 seront heureux d’apprendre que Michael Bay a visiblement pris des cours de montage et parvient à rendre globalement lisibles ses raz-de-marée d’effets spéciaux.

Une fois tous ces points éclaircis, on en vient à ce qui fait de Transformers un bonheur cinématographique rare. Car ce n’est pas dans la somme de ses qualités ci-dessus, ni même de ses défauts coupables (musique épique hideuse, acteurs jouant comme à Guignol, final légèrement décevant) que le film déploie son charme immature et irrésistible. Mais c’est bien dans sa fascination originelle, qui touche autant au souvenir d’enfance (du moins pour une génération biberonnée aux figurines Hasbro) qu’à quelque chose de plus universel. 

 

 

Résumé

L’émotion est la même que devant Jurassic Park ou Star wars : une sorte de rêve de gamin qui prendrait forme en annihilant le recul critique de l’adulte. Trop content de s’abandonner deux heures et demie durant à des émerveillements que l’âge lui interdit, le spectateur sourit, sans honte ni remords, complice consentant de la farce fracassante qu’est Transformers.

 

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Lecteurs

(3.4)

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commentaires
Bofinger
29/05/2023 à 10:40

Un nanar beauf. Bof.

yellow submarine
20/02/2018 à 21:11

juste pour la première attaque des decepticons dans la base militaire un vrai plaisir coupable

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